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Appréciation d'ensemble: | |||||||
Analyste:
Sophie Roughol Jeanne l’illuminée. . . Au sens religieux ou pathologique ? Éternel débat que Jacques Rivette esquiva, en six heures de film scindées en deux époques distinctes, Batailles et Prisons : Jeanne — sous les traits de Sandrine Bonnaire, 1993 — est simplement inspirée, héroïque et fragile, dépeinte sans emphase ni ironie. Une Jeanne que Jordi Savall ne pouvait que suivre, presque deux décennies après s’être chargé de la musique du film. La bande-son nous revient, cette fois complète (la version publiée par Astrée était raccourcie), augmentée d’enregistrements réalisés en décembre dernier, et assortie d’un de ces beaux livres dont Alia Vox a le secret. On y trouve comme chaque fois une série de textes bien choisis, dont celui de Nadia Margolis (Jeanne d’Arc et l’évolution de la droite en France) n’est pas le moins éclairant. Louise Moaty prête sa voix à de courts récits de Jeanne ; Manuel Weber et René Zosso se partagent la narration et les témoins. La musique, le plus souvent recomposée par Savall, est le ferment de l’imaginaire, dans un village lorrain, sous un arbre à l’écart en compagnie des Voix, dans les champs de bataille ou en pleine cérémonie du sacre. Si, en écoutant le disque, on se réfère au contexte cinématographique qui le vit naître, on comprend et admet la brièveté frustrante de certaines citations, une Messe de l’Homme armé de Dufay étonnement opulente (avec cuivres et percussions), une scène du couronnement qui évoque davantage Le Seigneur des Anneaux que Charles VII. Mais on admire sans réserves la cohérence de l’évocation et quelques instants de grâcè : les Voix, trio mystique (Venite Sancti Spiritus de Dufay) avec Figueras, Kiehr et Wessel, repris en leitmotiv tout au long de l’épopée ; l’Adoremus Te Domine anonyme par La Capella Reial ; et le Planctus Jehanne composé par Savall, émouvant hommage intemporel à la Pucelle. |
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