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Diapason #  (05/2013)
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Alia Vox
AVSA9816




Code-barres/Barcode:
7619986098166
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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Roger Tellart


 

Désormais, le principe du « portrait » historique semble prévaloir le plus souvent dans le travail musicologique de Jordi Savall. Ainsi de ce coffret venant après la superbe évocation de Charles Quint (cf. Diapason no 476) et consacré à Alphonse V le Magnanime d'Aragon qui conquit Naples en 1442.

 

Personnalité fascinante à bien des égards, Alphonse V, qui vient également d'inspirer un bien bel album Napoli Aragonese à l'Ensemble Micrologus (cf. Diapason no 481), poursuivit et après lui son fils Ferdinando (Ferrando) ‑ une passionnante utopie : la construction d'un royaume méditerranéen ayant façade sur l'Espagne et l'Italie. En fait, trop disparate dans ses composantes, ce rêve arago‑napolitain ne devait durer qu'une soixante d'années. Un âge d'or pourtant pour la chapelle du Magnanime où cohabitaient convivialement musiciens italiens, catalans, castillans, franco‑flamands et bourguignons.

 

De cette foisonnante diversité, le Chansonnier du Monte Cassino témoigne, dont les quelque cent quarante pièces, mêlant sans aucun ordre apparent le sacré et le séculier, se font le reflet fidèle des activités musicales à la cour napolitaine.

 

Prospectant dans cette mine, La Capella de Catalunya insiste sur les rencontres entre les styles, les auteurs, les écoles, l'acte de reconstitution impliquant un vaste travail de réflexion humaine et politique sur le sujet.

 

Reste à définir l'inimitable manière d'une interprétation qui, à plusieurs reprises, trouve sur son chemin la version Micrologus (ainsi pour Chiave chiave, Collinetto, Amor tu non me gabasti, Correno multi cani, Viva, viva Rey Ferrando, Qu'est mi vida, etc.). Une fois encore, le fameux effet Savall fait ici toute la différence. Avec un son plus raffiné et plus « savant » jusque dans le primesaut profane et l'instant amoureux, nostalgique, ironique (la grâce poétique des strambotti, ballate et barzalette).

 

Certes, ce constat n'enlève rien à la saveur (et à la crédibilité) du témoignage des Micrologus, enracinés dans un décor et une mémoire plus populaires et « traditionnels ». Mais ce qui est irremplaçable chez le chef catalan et son équipe c'est ce sens plastique de la phrase qui habille d'élégance le trait rythmique, la touche truculente (la caccia Correno multi cani). Sans doute, l'art vocal de certaines stars n'y est plus tout à fait ce qu'il fut. Mais la vertu première de ce double disque (le premier volume nous vaut d'inoubliables incursions mystiques chez Guillaume Dufay, entre autres) tient précisément dans un engagement pluraliste où le geste individuel s'efface devant une vraie volonté collective. En tout cas et plus que jamais, la ferveur de Savall est inépuisable source de vie pour les sens et l'âme.

 

 

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