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Analyste: Denis Morrier L’abbatiale de Muri in Aargau est fameuse pour ses tombeaux des Habsbourg (la dynastie est originaire de cette région de Suisse allemande), et pour la splendeur de son style rococo: elle oppose quatre somptueuses tribunes aux quatre coins de sa nef carrée, avec deux orgues rutilants de Joseph et Victor Ferdinand Bossart (1743). Cette particularité architecturale, on l’aura deviné, est propice aux grands dialogues baroques à plusieurs choeurs. Johannes Strobl a saisi l’occasion en fondant en 2002 un ensemble vocal professionnel associe à l’édifice, la Cappella Murensis, souvent partenaire de l’excellent groupe de cornets et sacqueboutes formé par Gebhard David en 1997. Deux violonistes se joignent à eux, dont l’admirable Amandine Beyer, qui illumine la Canzon VIII de Gabrieli. Le programme réunit diverses compositions polychorales extraites des Symphoniae sacrae (1597), Canzoni et Sonate (1615) de Giovanni Gabrieli, des Psaumes de David (1619) et des Symphoniarum sacrarum (III, 1650) de Heinrich Schütz. Le rapprochement des deux musiciens est habituel : le Saxon était venu étudier à Venise une première fois auprès de Gabrieli entre 1609 et 16l3, avant d’y retourner en 1629 pour côtoyer le « père de la musique moderne », Monteverdi. L’intérêt de ce disque réside principalement dans une spatialisation spectaculaire (que goûteront essentiellement les audiophiles équipés du matériel adapté au dispositif multicanal SACD). Deux orgues positifs s’ajoutent aux deux orgues historiques. Ainsi, deux ensembles de solistes vocaux et instrumentaux sont opposés à deux cappellae instrumentales plus profuses. L’effet est impressionnant. Certes, les voix paraissent parfois dominées par les cuivres dans les tutu, mais le recours à des favoriti solistes placé au devant du dispositif sonore garantit la plupart du temps une bonne intelligibilité du texte, et une plus grande lisibilité de la polyphonie. Bref, cet enregistrement rutilant tient toutes les promesses de son titre.
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