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Diapason # 607 (11/2012)
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Aparté
AP043



Code-barres / Barcode: 3149028024425 (ID251)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Philippe Ramin
 

Les meilleures conditions sont réunies pour rendre leur ardeur aux derniers feux de l’école parisienne du clavecin : un interprète nourri aux couleurs de l’orchestre ramiste, un lieu d’enregistrement exceptionnel (la galerie dorée de la Banque de France), un trésor lyonnais récemment restauré (Kroll, 1776) et une prise de son qui restitue l’intimité de l’interprète avec son instrument. Intimité, aussi, des salons où brillait Duphly, musicien indépendant connu par les quatre Livres pour clavecin qu’il publie de 1744 à 1768. Il meurt le lendemain de la prise de la Bastille. Son oeuvre discrètement tournée vers l’avenir (La Lanza) est bien ancrée dans la tradition de Couperin, à qui elle emprunte l’art du portrait en musique et les tours de main de l’écriture française. Christophe Rousset, dans sa préface, entend redonner à ces pages admirablement sonnantes leur poids expressif et la sincérité du geste musical. Le résultat dépasse toutes les espérances. L’écoute des pièces les moins fréquentées, considérées comme plus anodines, est révélatrice de cette démarche éclairée. La Du Buq, La de Chamlay bénéficient d’un traitement expressif qui fait ressortir le ton très personnel du discret compositeur. Certaines pages favorites (Rondeau en do, La Damanzy, La de Vatre), souvent timidement virtuoses ou aimablement indifférentes, deviennent des pièces orchestrales qui trouveraient aisément leur place au sein d’un opéra. La vaste chaconne à l’exposition à rallonges, est rarement une réussite : Rousset la domine par un discours parfaitement fluide assorti de contrastes efficaces. On attendait beaucoup des Grâces, joyau aphoristique et fuyant : les particularités de notation (décalages, rubato) sont traduites avec une pénétration idéale du geste vocal et les plus grandes finesses de toucher, sans la moindre mièvrerie.

Le timbre du Kroll, cette combinaison de « scintillement et de profondeur » dont parle l’interprète, convient on ne peut mieux au projet. Sans faire oublier le bel album de Catherine Latzarus (Ligia Digital), cette copieuse anthologie puisée dans les quatre Livres pose une référence. 

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