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Appréciation d'ensemble: 5 diapasons () | |
Analyste: Philippe Ramin
L’intégrale Couperin de Blandine Verlet (réalisée à la fin
des années 1970), manifeste d’une liberté alors inconnue, d’une imagination
poétique fortement teintée d’individualisme, occupera toujours une place à
part dans la discographie coupermienne. Cette sensibilité exacerbée qui
réussit si bien à l’oncle Louis éclairait surtout le côté sombre du neveu,
sa mélancolie teintée d’humour. Après quelques années de relative
discrétion, la grande Blandine nous livre de nouvelles confidences, entame
une nouvelle correspondance avec Le regard a changé, tourné vers l’intérieur, la langue apaisée atteint une pleine éloquence. Blandine Verlet a choisi de larges extraits des Livres Il et IV qui renferment les pensées les plus délicates du compositeur. On passe de l’extravagance (Les Chinois, La Pantomime) à la grandeur (Passacaille), mais on ne s’éloigne jamais longtemps du rêve et de la méditation (Les Ombres errantes, Les Pavots). Véritable médium de l’esprit de Couperin, la claveciniste se laisse guider par l’instinct qu’on lui connaît tout en laissant le naturel s’imposer sans contrainte. Elle fait sonner comme nulle autre le petit jeu d’un instrument exceptionnel (le Hemsch de 1751) et déploie l’ornementation avec une certaine nonchalance, qui surprend d’abord mais devient rapidement l’évidence. Précise et ductile, cette approche donne à des pièces souvent survolées (La Basque) une intensité nouvelle, une aération insoupçonnée. La Passacaille ne livre sa grandeur que progressivement : l’effet est admirable. Les textures suggérées par le compositeur sont particulièrement bien servies quand l’interprète s’en délecte sans retenue (Les Amusements). Sa discrète audace rend justice aux chatoiements fragiles de l’écriture, tandis que la prise de son de Nicolas Bartholomée ne perd pas une miette de ces tendres suggestions. |
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