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Analyste: Gaëtan Naulleau Par où commencer ? En saluant l’opus 1 d’Agogique, label de l’ingénieur du son Alessandra Galleron ? Par quelques mots sur Bruno Cocset, mystique du violoncelle capable de vous parler sans fin des vertus comparées de différents boyaux ? Par un rappel des disques Vivaldi, Bach, Barrière ou Geminiani qui affirmaient tous sa personnalité et sa quête sonore? Par quelques mots sur Charles Riché, le facteur qui partage cette quête depuis longtemps déjà, et dont on découvre une demi- douzaine d’instruments au fil du disque ? Commencer sur l’objet luxueux, boîtier cartonné au format d’un petit livre présentant les créations de Riché avec autant de soin que le programme? Par le titre plutôt. Oubliez «Domenico Gabrieli », dont le nom s’affiche en couverture pour rassurer les chefs de rayon toujours méfiants à l’égard des récitals composites, et prenez « La naissance du violoncelle ». Bylsma s’était déjà aventuré sur ce terrain avec « Le violoncelle au XVIIe siècle », disque impérissable, précis d’éloquence fantasque (DHM, 1989). Cocset renouvelle le propos en reformulant la question: les violoncelles au XVIIe siècle, bien avant la standardisation de l’instrument moderne, et bien avant la nécessaire simplification qui, au XXe siècle, a engendré son pendant baroque. Car le violoncelle pouvait avoir quatre, cinq, parfois six cordes, les plus petits se jouaient sur les genoux ou suspendus à l’épaule (la fameuse viola da spalla), les plus dodus descendaient au si bémol, la facture s’inspirait encore de la viole et de ses résonances pour la viola bastarda... Bien malin qui reconnaîtra un violoncelle «modèle » dans cette panoplie. D’ou le principe du récital : les réunir en cherchant pour chaque pièce celui qui se coule au mieux dans l’écriture. Parcours éclairant comme une dégustation de vins, dès la Passacaille de Vitali prise lentement pour nous laisser le temps d’entrer dans le grain de l’instrument.
Il y a du théâtre et du chamanisme à la fois dans le jeu de
Cocset. Son lyrisme domine l’album malgré les sautes d’humeur, les fières
déclamations, les éclats, les pauses plus austères. Et le projet
documentaire qui risquait de concerner quelques happy few seulement prend la
portée universelle d’un art poétique. |
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