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David Fiala Dans leur longue marche vers la musique de l’avenir, on avait laissé les chanteurs de Diabolus in Musica, partis des années 1200, des trouvères et de l’école de Notre-Dame, arrivés à une messe de Guillaume Du Fay composée vers 1450. Voici qu’ils franchissent allègrement encore quelques décennies pour toucher au XVIe siècle et, comme avec la messe de Du Fay, pour y briller. Le programme rend hommage à Jean Ockeghem, premier chapelain des rois CharlesVll, Louis Xl et Charles VIII, chanteur basse à la « voix d’or », compositeur majeur de sa génération et bienheureux trésorier de la richissime abbaye Saint-Martin de Tours pendant près d’un demi-siècle. Les nombreux échos de sa mort en 1497 témoignent de la très haute estime dans laquelle le tenait son époque. Une telle entreprise était loin d’être aisée tant il existe d’enregistrements de ces musiques d’hommage, déplorations et autres tombeaux (comme on les appellera plus tard), à commencer par la fameuse chanson Nymphes des bois de Josquin. Le Hilliard Ensemble s’y était cassé les dents en gravant live un très décevant programme « For Ockeghem » (cf no 549). Antoine Guerber a su, lui, bâtir un disque original et contrasté, sans une seule note d’Ockeghem mais au fil duquel sa musique est omniprésente par le biais des citations et des emprunts dont ses contemporains parsemèrent leurs oeuvres. La rare déploration de Pierre de La Rue, dont le texte en partie perdu laisse place à toutes les spéculations, fait une belle ouverture ; Nymphes des bois est bien au rendez-vous, une version sombre et superbe ; et deux motets distants d’environ un demi-siecle illustre la longévité et le prestige du maître. Si l’interprétation de ces pièces virtuoses n’est pas toujours irréprochable (notamment le motet de Busnoys), Diabolus in Musica se montre à son meilleur dans l’ample et spectaculaire messe d’Obrecht qui est au centre du récital. Cette Missa Sicut rosa spinam de plus d’une demi- heure, truffée de citations d’Ockeghem, est un formidable tourbillon de contre-point et d’énergie. Déjà gravée par l’A:N:S Chorus de Janos Bali, les dix chanteurs la domptent ici avec un enthousiasme communicatif et une ampleur impressionnante. |
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