Texte paru dans: / Appeared in:
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Diapason # 605 (09/2012)
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Atma
ACD22373




Code-barres / Barcode:
0722056237321

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Linn
CKD399




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0691062039925

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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Harold Lopparelli
 

Deux enregistrements illustrent les différents consorts employés par Lawes à la cour de Charles ler : si le grand style polyphonique est réservé à l’ensemble de violes, éventuellement affublé d’un orgue positif (Phantasm), les Suites de danses reviennent à une double paire de violons et de basses de violes assortie du continuo (deux théorbes chez Les Voix Humaines).

Commençons par l’équipe de Montréal. Après l’enregistrement récent des Harp Consorts, elle s’est lançée dans l’intégrale des Royal Consorts, très connus et appréciés du temps de Lawes. On y retrouve un même jeu souple et généreux en dynamiques, qui sert bien les fulgurances des danses rapides et réagit parfaitement aux retournements de situations fréquents dans l’écriture de Lawes. Mais cela ne suffit pas tout à fait pour captiver l’auditeur sur la durée (2 CD). Il y a là des occasions expressives manquées, des tensions harmoniques sans drame. Cette musique trop évidente finit par glisser entre les doigts des deux violonistes, dont le son gagnerait parfois à plus de rondeur. L’aisance immédiatement agréable, comme amicale, des Voix Humaines finit par rendre ces pages plus banales qu’elles ne le sont.

De l’autre côté de l’Atlantique, Laurence Dreyfus, leader de Phantasm et scholar à l’université d’Oxford, signe la notice de l’album : il guide de façon très vivante (en anglais seulement) l’auditeur qu’il imagine perplexe dans les dédales de ces pièces à cinq ou six avec orgue obligé. En forçant brillamment le trait, il s’interroge sur le processus de transmutation qui, à partir d’une collection de bizarreries harmoniques, de thèmes parfois laids ou grotesques, de tics d’écriture ou encore de passages volontairement piégeux, aboutit à une telle réussite !  La présentation de l’album pièce après pièce est à double tranchant : elle révèle la pertinence du propos de Dreyfus, mais met aussi en évidence ce qui manque à son interprétation. Les contrastes et, de façon générale, toutes les ruptures et les surprises du discours restent très discrets. Les happy few familiers de ce style y trouveront certainement leur compte, mais les autres souhaiteront des effets plus soulignés, un discours plus engagé donc plus lisible. Ce qui réussissait merveilleusement au disque Byrd de l’ensemble (Diapason d’or cf n°593) prête ici à discussion.

La magnifique Pavane à six en sol, celle sur FIow my tears pourraient être bien plus poignantes et étirées, tandis que les passages combatifs gagneraient en relief sous des attaques plus intense. Mais Phantasm, expert dans le travail des résonances, met tout le monde d’accord lorsqu’il s’agit de fusionner dans une couleur collective des motifs homorythmiques, ou de laisser entrevoir le soleil derrière les nuages - ce que Lawes fait souvent. Ce qui ne suffit pas à rendre toute leur grandeur à des sommets du répertoire : l’intrigante Fantaisie à cinq en do, ou la première Fantaisie à six, dont Laurence Dreyfus décrit le destin de façon à la fois savante et évocatrice, rise and fall, en un peu moins de cinq minutes.

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