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(02/2009) 



Mirare
MIR074

 

 

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Analyste: Benjamin Ballifh

 

Buxtehude, Reinken (ou Reincken): deux noms majeurs du baroque d'Allemagne du nord, surtout deux contemporains nés tous deux en 1637. Défendues avec souplesse et intériorité par l'ensemble La Rêveuse (créé en 2004 et depuis dédié à l'éloquence du XVIIème siècle), les partitions ici choisies et mises en parallèle s'imposent par leur sens du dialogue musical, de la conversation subtile et suggestive. À Hambourg, héritier du grand Scheidemann, organiste de Sainte- Catherine, Reincken se fait un nom et cofonde l’Opéra de Hambourg à partir de 1678, qu'il dirige jusqu'en 1685. Non loin là, à Lubeck, son ami, Buxtehude vient le visiter: les deux musiciens, aussi talentueux l'un que l'autre, s'estiment.

 

L'album évoque l'amitié musicale qui rapproche les deux créateurs, qui se sont rencontrés à Hambourg alors qu'ils étaient les élèves de Scheidemann, et dont témoigne aussi le célèbre tableau de Johannes Voorhout (Musée de Hambourg) représentant Reincken luxueusement habillé (il était fortuné) à son clavecin (d'ailleurs la scène se passe chez) vers 1674) et Buxtehude jouant la viole de gambe. À leurs côtés, Theile songeur, partition sur les genoux, écoute la musique que ses amis interprètent.

 

Au XVIlème, Reincken et Buxtehude sont les compositeurs et organistes les plus vénérés. Comme auteurs, ils font publier de la musique de chambre particulièrement appréciée par leurs contemporains.

 

Ainsi les Sonates en trio (violon, viole et continua) de Buxtehude (retrouvées dans le fonds de la Bibliothèque d'Uppsala, comme les manuscrits de ses cantates dont les fameuses Membra Jesu Nostri) et l’extraordinaire "jardin des délices" que forme l'Hortus Musicus (6 Sonates à deux violons) de son "frère musical", Reincken.

 

L’éloquence volubile des instrumentistes de La Rêveuse fait merveille dans ce voyage à deux voix, ou le chant associé des violons et de la viole, qu'exalte la partie non moins ciselée du clavecin ou de la harpe, expriment au plus juste, l’intensité vive, parfois brûlante des affects sans paroles. Génie de la métamorphose mélodique chez Buxtehude, caractère plus enjoué, voire "mondain" de la suite chez Reinckeen.

 

L'entente et la complicité des musiciens de La Rêveuse font toute la saveur du présent album: un oeuvre en sensibilité collective et dialoguée qui penche souvent dans l’enchantement. C'est pour nous, l'un des ensembles français les plus captivants de l'heure, avec les Witches d'une égale exigence : défricheurs dans les répertoires abordés, magiciens diseurs, entre rhétorique et souplesse du geste. Superbe réalisation.

 

 


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