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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Stéphane Friédérich Domenico Scarlatti autrement LA MUSIQUE BAROQUE QU’ALEXANDRE THARAUD NOUS OFFRE EST D’ABORD SENSUELLE, VIVE ET COLORÉE, POUR NOTRE PLUS GRAND PLAISIR. L a sélection de quelques sonates de Scarlatti au sein d’un corpus de près de 600 partitions (les 555 références sont au jourd’hui dépassées) révèle la démarche artistique de l’interprète. Ce sont ici les multiples aspects du chant méditerranéen que l’on admire sous les doigts d’Alexandre Tharaud. Nous allons des éclats d’une pureté nerveuse aux danses populaires ibériques en passant par la cantilène italienne, le contrepoint bondissant et parfois même la mise en scène du silence. L’alternance parfaite de ces atmosphères rompt tout effet de lassitude. Mais ce qui explique l’intérêt passionnant d’un tel disque, c’est l’originalité de la personnalité du pianiste. Tout comme dans ses Bach, Rameau et Couperin, Tharaud invente une manière de rompre avec l’idée que l’on se fait du répertoire baroque. En cela, la variété des attaques, la précision du travail sur les timbres, les ornementations, les résonances sont magnifiquement inspirées. La préoccupation première de l’interprète n’est pas d’ordre musicologique. C’est avant tout la suggestion des couleurs qui prime, l’idée lointaine que les cordes ne sont plus frappées mais pincées. Il cherche avant tout le naturel des phrases, l’équilibre des rythmes avec une sorte de distanciation qui n’est pas de la froideur. Bien au contraire, une écoute approfondie révèle une simplicité enchanteresse, une sensualité inattendue. Les coups de griffe ne font pas défaut, tout comme l’humour mordant, les bavardages fulgurants. La virtuosité si impérieuse n’est jamais aguicheuse ou maniérée. Même dans les sonates qui percutent violemment les basses — le Yamaha de concert est superbement réglé — on découvre une grâce intimiste que l’on retrouvait dans le passé chez Marcelle Meyer et Alicia de Larrocha. Alexandre Tharaud nous contraint à oublier momentanément les témoignages volubiles et envoûtants de Vladimir Horowitz ou Christian Zacharias sans même parler des clavecinistes, de Rafael Puyana à Gustav Leonhardt et Scott Ross.
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