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Analyste: Jérémie Bigorie La mode serait-elle au pasticcio ? Après L’Olympiade parue chez Naïve avant l’été, le nouvel opus vivaldien de «Virgin Classics » présente l’ultime ouvrage lyrique du compositeur alors hôte de la Cité Impériale de Vienne. Il s’agit également d’un pasticcio qui reprend l’essentiel du livret d’Apostolo Zeno utilisé par Giacomelli pour sa Merope. Biondi a pu reconstituer la partition — aujourd’hui perdue — telle qu’elle fut jouée au Kärntenotheater en 1742. Tous les récitatifs et de nombreux airs sont empruntés à l’oeuvre de Giacomelli quand Vivaldi n’a pas puisé dans ses propres opéras. Là réside l’intérêt limité du coffret pour qui possède Caton in Utica et Griselda. Mais la fine équipe réunie autour de l’Europa Galante en janvier dernier au Wiener Konzerthaus mérite qu’on tende une oreille attentive à cet Oracolo in Messina. Fabio Biondi est tel qu’en lui- même : faisant corps avec son ensemble, il modélise la matière sonore avec l’art accompli du coloriste, passant d’une rythmique bruitiste (sforzandos fouettés) à des pianissimos qui touchent aux confins de l’audible. Tout juste lui reprochera- t-on des tempos parfois excessifs qui poussent les chanteurs dans leurs retranchements. Et quels chanteurs ! Magnus Staveland n’hésite pas à assombrir son timbre pour camper l’immonde Polifonte, Lezhneva triomphe dans « Son quai nave » de Broschi déjà immortalisé par la Bartoli, et Genaux tient bon dans les vocalises malgré la baguette trépidante qui s’agite sous ses yeux. Ann Hallenberg, parfaite en reine de Messine répudiée, enchaîne avec brio les airs de vengeance, Romina Basso, fière de ses graves, campe une hautaine Elmira. Le « chant du cygne » du prêtre roux, tout hétéroclite soit-il, ne pouvait trouver distribution plus homogène et interprétation aussi aboutie. | |
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