Texte paru dans: / Appeared in: Ricercar |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Philippe Venturini Le nom de Barberini évoque un somptueux palais romain où les oeuvres de Rossi et Landi (le désormais célèbre Sant’Alesio) furent créées dans le premier XVIIe siècle. Le label Ricercar a d’ailleurs illustré sur sa couverture ce passionnant programme par une photo du grand escalier dudit palais. Les voix qui y résonnent (fictivement puisque l’enregistrement vient de Belgique) ne sont pourtant pas celles des oratorios et autres drames sacrés d’alors mais de madrigaux de Domenico Mazzocchi (un, extrait du Primo Libro, 1638) et du méconnu Cherubino Waesich (deux, issus des Canzoni a cinque, 1632) où frémissent les délices et les peines de l’amour profane. Du second compositeur, Andrea de Carlo fait en tendre cinq autres pages du même recueil destinées explicitement à un ensemble de violes, conçues comme des madrigaux sans paroles, riches de procédés imitatifs et soutenus par la basse continue. L’Ensemble Mare Nostrum visite également le répertoire purement instrumental, celui des Fiori Musicali et des Canzoni de Girolamo Frescobaldi, des Ricercari de Giovanni Pierluigi da Palestrina, des Balli, Gagliarde et Correnti de Kapsberger et même d’une sonate de Scarlatti qui impose un grand saut dans le temps. Grâce à un jeu vif-argent qui prend en compte une sonorité de bronze, l’Ensemble Mare Nostrum détourne le complesso di viole de sa nature strictement polyphonique vers des horizons plus vastes et plus secrets, des madrigalismes douloureux de Domenico Mazzocchi aux rythmes entraînants de Giovanni Girolamo Kapsberger. Privée des attaques du clavier, la contemplative Sonate K 87 de Domenico Scarlatti semble plus lunaire que jamais. Cette visite au palais des Barberini réserve décidément bien des surprises. | |
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