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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Roger Tellart Les Musikalische Exequien de Heinrich Schütz occupent une place d’honneur dans le culte luthérien, au point d’avoir été souvent mises en regard avec un autre Requiem emblématique: le Deutsches Requiem de Brahms. Et de fait, les analogies entre les deux œuvres sont indéniables, par-delà les divergences d’époque et de style, à ceci près que la musique de l’Archicantor est liée, au coeur de la Guerre de Trente Ans, à un office funèbre spécifique, alors que la prière brahmsienne est essentiellement réflexion sur la mort hors de toute liturgie précise. En tout cas, reflet de son actuelle popularité, ce Requiem, écrit pour un notable saxon, le prince Posthumus Von Reuss, mort en 1636, est défendu au disque par un cortège de versions ferventes dont plusieurs déclinent d’évidentes sympathies baroquisantes. À commencer par le formidable zèle oratoire de la Chapelle Rhénane, emmenée par Bernard Haller (K.617), ou la dévotion sans apprêts d’Akadêmia (Pierre Verany). Reste que, sans revenir sur la vision fondatrice du Choeur de Dresde conduit par Mauersberger, dans les années 1960 (Berlin Classics), bien des amateurs trouveront leur bonheur dans le remarquable travail de l’ensemble belge Vox Luminis qui n’ignore rien de la science polyphonique de ces obsèques, alliant le faste spatial (inoubliable motet Herr wenn ich nur dich habe à 8 voix) à une sensibilité subtilement piétiste (le Cantique de Siméon conclusif où un choeur céleste à 3 voix se fait pressentiment de la sentence Selig sind die Toten, qui conclut dans la paix le Requiem brahmsien). Exemple d’une entente quasi-ment sans nuages entre un plateau vocal qui en remontrerait, côté musicalité, aux meilleurs et un sobre continuo de basse de viole et d’orgue, cet album sera élu par de nombreux schütziens, quelque peu frustrés, côté nouveautés, par les temps qui courent.
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