Analyste: Pierre Doridot
Sergio Azzolini est au basson ce que Jordi Savall
est à la viole de gambe, un maître incontesté et difficilement surpassable.
Le volume I - récompensé par un «Choc » de Classica - des
concertos pour basson de Vivaldi qu’il interpréta pour Naïve regroupait 7
des 39 que ce dernier composa pour cet instrument qu’il affectionnait
particulièrement (RV 493, 495, 477, 488, 503, 471, 484). Nous avions été
séduits par ce bassoniste hors normes et généreux sachant rendre toutes les
subtilités mélodiques de son instrument. Le volume II n’est ni plus ni moins
qu’une récidive talentueuse tant nous retrouvons toutes les qua lités
susnommées. Nous pourrions peut-être ajouter à présent la liberté de ton
d’Azzolini, la liberté de celui qui peut tout entreprendre tant sa maîtrise
est parfaite, élégante, digne mais aussi gourmande et sensuelle. Pour vous
en convaincre, écoutez le Largo du RV496 en sol mineur,
étiré jusqu’à l’assoupissement siestif, l’énergie vitale de l’Allegro
du RV 499 et du RV483, la sensualité quasi érotique de
l’Allegro non molto du Concerto RV 472.
Face à ce basson multicolore et protéiforme, que peut-on
trouver à redire? Sans doute une prise de son où le basson est quelque peu
envahissant, l’Aura Soave Cremona faisant parfois pâle figure, péchant par
un excès de politesse et d’admiration, de mise en avant de son soliste et de
suavité — il ne s’appelle pas Soave Cremona pour rien. Tout cela est
peccadille au regard de la qualité orchestrale générale et de la performance
du grand Sergio Azzolini.
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