Analyste: Pierre Doridot
Impérial Riccardo Minasi
DÉCONCERTANT, VIRTUOSE,
BRÛLANT, MAIS AUSSI RÊVEUR, LE VIOLONISTE RICCARDO MINASI FAIT ROUGEOYER LE
PRÊTRE ROUX.
À première vue, on se dit qu’avec une telle couverture, ce
disque regroupant sept concertos pour violon de Vivaldi va nous décoiffer.
Et c’est vrai, ça « décoiffe» ! Mais pas seulement, et la certitude acquise
après une première écoute est que Stravinsky était un gros menteur. Qu’y
a-t-il en effet de commun entre le rêveur et vaste RV331, le virtuose RV171
« Pour Sa Majesté Impériale Catholique » et l’affectueux et moelleux
RV271 « L’amoroso » où l’on passe des prouesses pyrotechniques
ébouriffantes aux moments d’une rare émotion (il faut écouter les plages 10
et 12, à se pâmer, d’une extraordinaire sensibilité aux morceaux de bravoure
les plus fous). Bien sûr, on trouvera dans chacun de ces concertos de
maturité de Vivaldi l’alliance parfaite entre technique, virtuosité et
émotion extrêmes. Avec de telles oeuvres le violoniste a intérêt à tenir
debout... On passe du feu d’artifice des allegros au doux chant du violon
dans des largos très intenses. À l’archet et aux commandes de l’Orchestre Il
Pomo d’Oro — tous des musiciens de grande classe, sans doute les meilleurs
actuels sur instruments anciens, superbes de présence discrète —, Riccardo
Minasi nous déconcerte par une vélocité hors du commun, alternant les chants
les plus doux. Tout semble si évident, si facile. Notre violoniste est sans
doute moins expansif et démonstratif que Giuliano Carmignola, mais il gagne
en intériorité par son jeu véloce qui ne sacrifie jamais le cantabile sur
l’autel de la seule vigueur rythmique. On pourrait résumer la comparaison
entre ces deux violonistes ainsi là où Giuliano Carmignola est brillant,
Riccardo Minasi est brûlant. Décidément, les bonnes fées se sont penchées
sur la « Collection Vivaldi » éditée par Naïve.
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