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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Philippe Venturini Sans doute ne saura-t-on jamais quand exactement (dans les années 1717-1720 ? avant?) et où (Cöthen ? Weimar ?) Johann Sebastian Bach a composé ces Suites anglaises. Leur qualification même reste énigmatique, leur écriture se référant davantage aux styles français (la suite, les courantes à 3/2, les doubles, les agréments) et italiens (les préludes aux allures de concerto) que britanniques. Peut-être cette identité indéterminé participe-t-elle « au manque de reconnaissance » dont souffre ce recueil qui, à croire Richard Egarr, dispense pourtant « un pur plaisir digital » et brille par son « imagination ». Un tel plaidoyer laisse supposer une défense convaincue et une interprétation flamboyante soutenues par le « fidèle clavecin Katzman » qui a donné « vie et couleurs à cette musique des plus originales ». Le disque ne s’en fait pas écho. Si le premier prélude laisse clairement percevoir les voies et notamment l’opposition entre un mouvement conjoint, régulier et descendant et une ligne plus discontinue, il avertit déjà du caractère retenu du tempo et du geste. La visite ne commence pas par un majestueux portique mais par la petite porte. La suite reste hélas dans ce registre que par bienveillance on appellerait intime mais qu’il faut bien désigner comme ennuyeux. Pourquoi tant de prudence dans les courantes ? Pourquoi ces bourrées sans élan ? Pourquoi ces concertos sans orchestre et ces gigues qui manquent tant d’esprit? Le claveciniste Richard Egarr se complaît dans une préciosité de bonbonnière là où Gustav Leonhardt (Virgin Classics), Christophe Rousset (Ambroisie), Blandine Rannou (Zig-Zag Territoires) et Carole Cerasi ( Metronome) avaient su dresser un théâtre. | |
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