Texte paru dans: / Appeared in:
Harmonia Mundi |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Roger Tellart Figure marquée par l’aura tragique qu’il gagna à l’assassinat de son épouse infidèle, la belle Maria d’Avalos, et de l’amant de celle-ci, Carlo Gesualdo aura été l’un des premiers auteurs maudits de l’histoire. Mais, en même temps, un créateur captivant dont le Deuxième Livre de Sacrae Cantiones est aujourd’hui exhumé : un chef-d’oeuvre à 6 et 7 voix dont les parties de bassus et de sextus avaient disparu et que l’Anglais James Wood vient de reconstruire au prix d’un patient travail musicologique. Avec ce joyau polyphonique, divisé en 4 parties, de l’oraison salvatrice à l’action de grâce, c’est tout un pan de la sensibilité complexe du Prince de Venosa qui nous est révélé. Engagé comme musicien dans un projet nourri des idéaux de la Renaissance, voire du Baroque à ses débuts, mais, en même temps, tourmenté par la transgression de l’interdit biblique : « Tu ne tueras point », Gesualdo va garder longtemps le silence avant de se tourner, sur la fin, vers la pénitence et la prière. Ainsi du Miserere qui appartient aux Répons pour la Semaine Sainte de 1611 et ouvre l’enregistrement, vrillante imagerie du repentir sur les paroles du Psaume 50 (« Ce qui plaît à Dieu, c’est une âme brisée, un coeur contrit et humilié »). De même, la ferveur de l’interprétation tout ensemble impressionne et séduit dans le Second Livre de Sacrae Cantiones (1603) où la reconstitution de James Wood est digne du modèle. Et comme dans le Miserere liminaire — magnifié par le procédé de l’alternatim — le VocalConsort berlinois y témoigne d’une rare intuition rhétorique, dès la pressante invocation mariale du Virgo Benedicta. En tout cas, les gesualdiens (et les autres) se réjouiront de ces affinités qui font du présent album un nouveau repère bienvenu dans la discographie du Don meurtrier.
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