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Classica # 144 (07-08/2012)
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Glossa
GCD922901



Code-barres / Barcode: 8424562229013 (ID237)

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Appréciation d'ensemble: Pour et Contre

 

Vocalises et controverses

LE RÉCITAL D’AIRS D’OPÉRAS DE VIVALDI PAR ROBERTA INVERNIZZI ET L’ENSEMBLE RISONANZA A PARTAGÉ LA RÉDACTION DE « CLASSICA ». BILAN.

Pour  :
Analyste: 
Jérémie Bigorie
En marge de l’intégrale Vivaldi entreprise chez Naïve, les récitals vocaux publiés par d’autres labels ne fléchissent pas. Après le soleil noir Nathalie Stutzmann (chez DG), le soprano rayonnant de la Milanaise Roberta lnvernizzi, que l’on connaît surtout au disque pour ses cantates de Georg Friedrich Haendel, s’exprime à présent dans son arbre généalogique avec un abattage vocal époustouflant ; et si l’ombre de Cecilia Bartoli se fait par endroits sentir (cette fébrilité caractéristique des chuchotements qui ménagent les forte), la force de son tempérament et l’accomplissement de son art suffisent à la distinguer. Peu parviennent à cette homogénéité des registres tout en variant les couleurs, à ce contrôle du souffle qui matérialise le tracé de la ligne de chant avec ses pleins et ses déliés ( « Ombre vane, ingiusti orrori »). Quand éclatent les vocalises attendues de Griselda et Tito Manlio, la maîtrise surnaturelle semble assise sur de confortables réserves.

Partenaire de longue date, La Risonanza et son chef Fabio Bonizzoni se montrent plus inégaux dans leur soutien : valeureuse trompette pour « Combatta un gentil cor », guitare baroque trépidante dans Filindo d’après Giacomelli. Dommage que le solo de viole d’amour se sente obligé de renforcer le poids de l’archet dès qu’apparaît un mouvement chromatique dans l’aria de prison extraite de Tito Manlio. Peut-être que l’effectif manque un peu de densité et d’homogénéité au niveau des cordes. Mais les différentes atmosphères sont fidèlement restituées.

Et l’on serait tenté de dire que par sa variété et la somme d’investissement qu’il représente, ce récital de Roberta Invernizzi nous livre une sorte de bréviaire de l’univers théâtral d’Antonio Vivaldi, le Prêtre roux. 

Contre  :
Analyste:
Pierre Massé

Depuis quelques années, le fantasme des chanteurs « baroques » et de leurs labels semble de rééditer le fabuleux coup opéré par Cecilia Bartoli avec son « Vivaldi album » pour Decca, feux d’artifice vocal compilant des airs oubliés du prêtre roux. Cette réussite est en grande partie à l’origine de la vague lyrique vivaldienne d’aujourd’hui. Alors après de nombreuses tentatives pour imposer de nouveaux récitals du même type, et suivant moult intégrales d’opéras, notamment dans le cadre de l’édition Vivaldi de Naïve, voici la tentative de Roberta Invernizzi et de l’ensemble La Ri sonanza. Cette équipe soudée, bien enregistrée dans une belle acoustique d’église, a su intéresser dans sa série des cantates italiennes de Haendel, dont Classica vous a présenté les sept volumes au fur et à mesure de leur parution. Malgré ces a priori positifs, ce disque déçoit.

Dès le premier air vif tiré du désormais célèbre Tito Manlio, la soprano semble à la peine, avec ses attaques molles et son timbre mat, pauvre en couleurs. Plus grave, ses vocalises sont courtes de souffle, une limite rédhibitoire dans ce répertoire où des chanteuses comme Vivica Genaux nous ont habitués à un tout autre standard en matière de virtuosité. Et les élégies ? L’intérêt de ce genre de disque est justement l’alternance d’airs rapides et lents... Là, c’est le défaut de ligne, toujours tendue, comme sur le fil, qui est patent, et qui entraîne des imprécisions dans l’intonation, y compris dans les pages les plus sereines (le « Non ti lusinghi la crudeltade » du Tito Manlio !). On reconnaîtra certes l’évidente intelligence rhétorique de Roberta lnvernizzi mais, de même que la (trop) grande légèreté de l’accompagnement instrumental, elle finit par passer pour un moyen de dissimuler ses faiblesses techniques. Si donc, pour vous, la sensualité du lyrisme vivaldien s’exprime d’abord par l’affirmation d’une substance vocale, passez votre chemin.

 

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