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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Roger Tellart
Gesualdo, la classe Toutes
nourries d’une italianità à fleur de mot, à fleur d’affetto, Rossana
Bertini, Daniele Carnovitch et Giuseppe Maletto, cofondateurs du groupe,
sont familiers depuis longtemps du genre madrigalesque où ils ont joué un
rôle déterminant dans l’émergence d’un style spécifiquement ultramontain.
Aujourd’hui, cette italianité est reconnue comme un modèle incontournable,
ne serait-ce que dans le rapport à la langue, aux rythmes et au dire. Avec
une évolution significative sur le rôle dramatique, voire psychanalytique,
que notre époque accorde à un créateur longtemps considéré comme un auteur
maudit. Ainsi de ce disque où la vision fantasmée tend à s’effacer au profit
d’une mise en perspective historique sans doute plus conforme à l’idée que
la société du Seicento avait du Don assassin et de son oeuvre. On
avancera, en harmonie avec les présents interprètes, que les madrigaux de
Gesualdo n’ont jamais semblé aux contemporains l’oeuvre d un fou, mais d’un
artiste porté aux élans expressifs et mystiques, hors de tout vertige
maniaco-dépressif, et dans le sillage d’une Renaissance aspirant à une
réappropriation du genre chromatique attribué à la Grèce antique (avec une
connotation religieuse liée au concept d’une musique extraterrestre, dans le
sillage de la Contre-Réforme). L’approche de la Compagnia est d’abord
porteuse d’humanité, celle-là même exhalée par le célèbre et très
chromatique Moro Lasso, al mio duolo (plage 17). Seul élément plus ou
moins imposé : une volonté esthétisante dont s’accommode finalement sans
problème le message humaniste d’un des cycles les plus complexes de la
littérature madrigalesque. Bref, les gesualdiens tiennent là l’une des deux
ou trois lectures vraiment innovantes du catalogue, avec, entre autres,
cette heureuse volonté de « recadrage» d’époque qui sous-tend de bout en
bout la présente approche. À acquérir en priorité.
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