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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie Entre l’enthousiasme militant de Paolo Pandolfo dans son texte de présentation, et la réputation de petit-maître véhiculée par d’aucuns, on adoptera une position mesurée quant à la valeur des Suites de Monsieur De Machy: certaines danses rapides auraient pu être signées du premier Marin Marais, mais les sarabandes n’ouvrent pas sur les mêmes gouffres. Des quatre Suites sélectionnées par l’artiste sur les huit existantes, deux sont écrites sous forme de partition, les deux autres en tablature. On prend toute la mesure des libertés prises par Paolo Pandolfo en comparant avec la version historique de Jordi Savall (Astrée puis Alia Vox) qui se limitait aux Suites 1, 3 et 4: le catalan séduisait par son intonation irréprochable, un son rond et voluptueux aux riches harmoniques qui, au risque de défaire ces danses de leur attache chorégraphique, les plaçait dans le giron de la grande musique pour viole dont Bach allait incarner l’aboutissement. De Johann Sebastian Bach justement, nous nous étions montrés plutôt sévères à l’endroit de l’enregistrement des Sonates par le tandem Pandolfo/Hunninger. Livré à lui-même, Paolo Pandolfo évite les préciosités et les affectations, même si le son, très matérialisé, ne fait pas oublier le poids du corps et la pression des doigts qui lui donnent naissance. À l’évidence, ces danses sont plus vivantes et incarnées que chez Jordi Savail : tempos dans l’ensemble plus allants, temps forts marqués et surtout libertés prises à l’égard du texte musical, comme dans la Suite en sol majeur qui fait dialoguer différents modes de jeu (pizzicatos et contrepoint rythmique des mains percutant la table d’harmonie). Mais de cette confrontation au sommet, on se refuse à choisir: Monsieur De Machy a bien de la chance.
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