Texte paru dans: / Appeared in:
Decca |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie Julia Lezhneva signe son premier récital chez Decca, non sans emporter dans ses bagages l’ensemble Il Giardino Armonico et Giovanni Antonini, en compagnie desquels elle avait enregistré Ottone in villa dans le cadre de l’intégrale Vivaldi/Naïve. Retour au baroque aussi, après un enthousiasmant Rossini avec Minkowski. Quatre compositeurs, une thématique (le motet à une voix au XVIIIe siècle) et une artiste déjà choyée du public. À seulement 23 ans, la chanteuse russe d’une étonnante maturité « a déjà tout d’une grande ». L’étendue de sa tessiture lui permet d’évoluer à la fois dans le registre mezzo et soprano, bien que le fameux contre-ré du « Saeviat tellus inter rigores » n’ait pas la projection d’une Annick Massis (avec Minkowski/Archiv). Péché véniel, eu égard à une prestation exemplaire qui parvient à concilier deux qualités particulièrement sollicitées dans ce répertoire souplesse et dextérité instrumentale de la voix d’une part, précision des trilles dans les aigus de l’autre (une spécialité de Lezhneva). Si l’aria « O nox dulcis, quies serena », véritable hymne à la nuit haendelien, pourrait être plus investi émotionnellement, le grain de voix très lisse assorti d’une touchante ingénuité de l’expression sied parfaitement à l’« Exsultate, jubilate ». Quant à la musique de Porpora, elle se pare d’une délicatesse d’ordinaire étouffée sous l’avalanche des vocalises. On échappe à toute mièvre galanterie grâce au soutien de Giovanni Antonini et du Giardino Armonico, d’un raffinement parfois sujet à caution, mais profondément évocateur dans ses clairs-obscurs caravagesques.
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