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Gimell |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Guillaume Bunel Revenons à nos Mouton LES TALLIS SCHOLARS ET LEUR PHRASÉ PARFAIT FONT RENAÎTRE UN COMPOSITEUR OUBLIÉ DE LA RENAISSANCE, JEAN MOUTON. Il est toujours agréable de constater qu’un compositeur majeur mais encore trop peu connu commence à émerger des limbes pour accéder à une notoriété méritée, révélant du même coup tout un monde de chefs-d’oeuvre insoupçonnés : c’est le cas de Mouton, que les récents enregistrements par l’ensemble Brabant (Hyperion, 2012) notamment, et à présent des Tallis Scholars, contribuent à faire apprécier à sa juste valeur, comme une importante figure de l’Histoire de la musique. Car Mouton se révèle un compositeur au style profondément original, somme toute assez différent de celui de Josquin, son illustre — et presque exact — contemporain. Il allie en effet à un goût prononcé pour les structures canoniques, toujours plus élaborées, une surprenante suavité des lignes ; le tout en une polyphonie d’une remarquable transparence. Les raffinements techniques ne prennent ainsi jamais le pas sur l’impression étonnante de naturel et de simplicité qui irradie cette musique : et l’on est presque surpris de constater que, par exemple, la Missa Dictes moy toutes vos pensées, basée sur une chanson de Loyset Compère, se présente comme un concentré thématique d’une densité inouïe, reprenant et transfigurant tous les éléments de la chanson dans un acte magistral de réappropriation. Et si la parenté entre la messe et son modèle transparaît à chaque instant, la maîtrise de Mouton fait presque oublier qu’il s’agit d’un matériau emprunté. Les Tallis Scholars, et leur phrasé parfait, s’adaptent remarquablement à la diversité des effectifs de ce dense et beau programme, du simple bicinium jusqu’au vaste ensemble à double choeur (Nesciens mater), sans jamais perdre la clarté ni la tension du discours.
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