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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | ||||
Analyste: Guillaume
Bunel Familier de certains des plus grands musiciens de son époque, parmi lesquels Obrecht ou Ockeghem, Érasme ne se distingue pourtant pas par l’abondance de ses travaux consacrés à la musique : l’idée de brosser son portrait musical, ou du moins de présenter des textes déclamés extraits de ses écrits, encadrés de pièces musicales issues d’environnements proches, apparaît donc à la fois séduisante et périlleuse. Car si les textes, bien choisis, contenus dans ce très épais livre-disque de plus de 600 pages se prêtent plutôt bien à la déclamation, tantôt monologue flamboyant de la folie, tantôt dissertations érudites des Adages, leurs liens aux pièces musicales se révèlent nettement plus problématiques. Les rapprochements proposés apparaissent en effet souvent naïfs : pour accompagner un texte traitant des juifs, une mélodie sépharade ; pour un texte sur la guerre, une fanfare... Et si l’on peut dire que la variété considérable des styles musicaux représentés illustre l’esprit universel du grand humaniste, il n’en résulte pas moins que le programme musical apparaît comme un grand fourre-tout, où figurent des enregistrements vieux parfois de vingt ans, dont l’actualité semble souvent discutable. Mais le plus décevant vient sans doute du fait que loin d’ajouter un intérêt aux textes d’Érasme, déjà magnifiques, les pièces musicales ne font souvent qu’en affaiblir 1’effet, faisant presque figure de musique d’ameublement. C’est le cas tout particulièrement dans le premier disque, dédié à l’Éloge de la Folie, qui alterne à des extraits de ce texte diverses variations sur les Folies d’Espagne. Sur le papier, l’idée est certes judicieuse : mais l’exubérante virtuosité stylistique du texte semble bien ternie par les variations bien gentillettes qui l’encadrent.
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