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Classica # 143 (06/2012)
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Une première discographique? Oui. Une oeuvre inconnue de Bach ? Pas exactement. On sait depuis 1802 grâce à Forkel, le premier biographe du compositeur, que Johann Sebastian Bach composa « une cantate funèbre consistant en une série de double choeurs remarquablement beaux» à la mort du prince Léopold d’Anhalt-Cöthen. C’est auprès de ce prince éminemment mélomane que Bach passa ses heureuses années entre 1717 et 1723. Aussi quand, installé à Leipzig, il apprit sa mort brutale à l’âge de trente-quatre ans, il en fut profondément affecté. Il demanda alors à son collaborateur Christian Friedrich Henrici d’écrire le texte de la cérémonie funèbre et en composa la musique. Les mots subsistent mais les notes ont disparu. Le catalogue des oeuvres de Bach classe néanmoins cette pièce de circonstance sous le numéro BWV 244a c’est-à-dire tout à côté de la Passion selon saint Matthieu. Les musicologues l’ont en effet reconstituée selon le principe éprouvé de la parodie à partir de ladite Passion tout juste achevée avec le même Henrici et de la Trauer-Ode BWV 198, hommage à la défunte princesse Christiane Eberhardine de Saxe. Manquaient cependant les récitatifs et un choeur pour compléter la partition. Andrew Parrott s’y est attaché en empruntant à Bach et en composant à sa manière. L’auditeur se surprend alors à découvrir une oeuvre qu’il connaît déjà : ici le choeur introductif de la Trauer-Ode, là celui qui termine la Passion selon saint Matthieu, ailleurs quelques- uns des airs les plus célèbres. Cette reconstitution bénéficie d’une interprétation inspirée, minimaliste par son effectif comme le veut depuis longtemps Andrew Parrott, auteur du célèbre The Essential Bach Choir, mais généreuse dans ses phrasés, ses couleurs et ses contrastes. Une première vraiment réussie.
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