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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie La pratique des Six Suites de Bach en concert et un nouvel instrument (Goffriller de 1737) ont motivé Ophélie Gaillard à enregistrer de nouveau ce pilier du répertoire pour violoncelle, dix ans après une première version parue chez Ambroisie. De nombreux interprètes ont gravé le cycle sur viole de gambe en cultivant une rhétorique baroquisante. L’approche de la violoncelliste française, qui a gagné en maturité, se maintient dans un sillage classique; elle se souvient des leçons d’un Tortelier. Un souci du beau son, un vibrato parfaitement dosé et un legato quasi constant nous frappent dès les premières mesures. On ressent également la volonté de caractériser fortement l’univers de chaque Suite, au risque d’adopter des options contestables : pourquoi assombrir à ce point la Suite n° 4, soeur de la n° 1, qui inaugure la deuxième série? Trop de componction dans le prélude et de legato dans la gigue (comme souvent dans les danses de «galanteries »). On regrette aussi la lecture terne de la Suite en ut mineur: prise à un tempo si allant, rongeant les silences, la sarabande acquiert une directivité qui nuit à son allure improvisée. Les Suites n° 1 et 2 constituent une éclatante réussite. Jamais le contraste entre la solaire sol majeur et la sombre ré mineur ne nous fut rendu si évident. L’artiste jubile à tirer des nombreuses cordes à vides qui foisonnent dans la Suite n° 1 un son clair et généreux. Ce qui nous manquait dans la Suite n° 5, nous le trouvons dans la n°2: le prélude, très inspiré, devient une véritable méditation sur la mort. La gigue, au déroulement implacable, atteint même un pathétisme schubertien avec ses oscillations mineur/majeur. Une intégrale inégale. Si Ophélie Gaillard a pu se sentir inhibée dans le froid studio de l’IRCAM pour donner le meilleur d’elle-même sur la durée, sa personnalité et sa musicalité transparaissent à chaque instant.
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