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Classica # 149 (02/2013)
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Ambronay
AMY035



Code-barres / Barcode: 3760135100354 (ID274)

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Philippe Venturini
 

Couperin L’Européen

CETTE NOUVELLE LECTURE DES « NATIONS » DU GRAND COUPERIN S’AFFRANCHIT DES BARRIÈRES ET DES FRONTIÈRES EN UNE VISION PROFONDÉMENT HUMAINE ET MODERNE DE LA CULTURE.

Le Couperin des Ombres est polychrome et changeant, conforme à l’esprit des Nouveaux Concerts (Les Goûts-Réunis) publiés en 1724, deux ans avant les présentes Nations. Le compositeur en soulignait « la diversité des caractères » et revendiquait de pouvoir circuler librement dans « la république de la musique» partagée entre « le goût italien et le goût français ». Ces Nations sont en effet nées de la réunion de sonates de jeunesse, à peine voire pas modifiées (« Je n’y ai pas, n’y augmenté grand-chose » écrit Couperin), et de suites de danses : elles enjambent ainsi les Alpes.

On peut certes regretter que l’éditeur n’ait pas pris la peine de mentionner l’effectif choisi pour chaque mouvement mais on doit reconnaître bien vite la pertinence des options choisies : le silence du clavecin pour mieux laisser chanter les deux violons, soutenus par un théorbe et une viole, dans l’allemande de La Françoise ou les deux hautbois dans la Première Courante. L’alternance entre les différents dessus et la géométrie variable de la basse dans la sarabande du même pays donnent également une assise incontestable à cette formule répétitive et évolutive à la fois. Les exemples pourraient s’additionner. Jordi Savall et ses complices avaient d’ailleurs (é)prouvé le bien-fondé d’une richesse de coloris dans un enregistrement qui reste indispensable (Astrée, 1983). Mais il ne faudrait pas limiter le travail des Ombres au seul registre chromatique (bien qu’avec un tel nom. . .) et arithmétique. Ce groupe de jeunes artistes se distingue par l’enthousiasme et la logique avec lequel il visite ces Nations. La netteté des attaques, la clarté des lignes (les notes conjointes descendantes puis ascendantes à la fin de la Sonade (sic) de L’Espagnole, la justesse de caractère de chaque épisode (la grâce des menuets, l’élasticité des gigues, la fraîche vigueur des bourrées) comme leurs oppositions et la virtuosité de chacun participent à cette réussite collective. L’Ensemble Les Ombres porte haut les couleurs de Couperin et propage au loin son génie.

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