Texte paru dans: / Appeared in:
Diapason # 742 (03/2025)

Pour s'abonner / Subscription information

Cypres CYP1686
Code barres / Barcode : 5412217016869

Analyste: Paul de Louit

 

Bonne nouvelle pour les amoureux de l'instrument à tuyaux : la manufacture d'orgues Thomas, après quelques vicissitudes, est de retour. A entendre Saint-Loup de Namur, elle se porte même très bien, et Dominique Thomas reste apparemment le roi des harmonistes. Son frère Samuel et lui montrent leur parfaite maîtrise du style thuringien, idéal pour Bach et rehausse Buxtehude de couleurs inattendues et poétiques. Les jeux d'anches sont sensationnels : la trompette chante dans la première fugue du Praeludium en ré mineur BuxWV 140 avec une rondeur de cornet à bouquin, la Dulcian a un grain de viola da braccio , et le Fagottbass accompagne des fonds comme le basson chez Rameau joint aux cordes sa nostalgie. Les mutations sont de cristal, les principaux fruités, et la gravitas des plenums laisse intacte la transparence de la polyphonie. Bref, un instrument qui satisfait autant la tête que le cœur : écoutez le Nun komm de Bruhns !

Benoît Mernier, qu'on adore (entre autres) pour ses opéras, est un organiste de grande classe. Elégance et finesse caractérisent un jeu qui ne laisse rien au hasard. Une agogique doucement fluide feutre la rhétorique de Buxtehude et attendrit le lyrisme du Nun komm BW V 659 . Cette mesure policée peut certes manquer d'allant (Pièce d'orgue BWV 572, « très vitement ») jusqu'à traîner des pieds (un Allein Gott BWV 663 assez peu cantabile) ou rechigner devant la déclamation très française de la Fantaisie en ut mineur BWV 562. Mais dans la Fantaisie et fugue en sol mineur BWV 542 , le drame retrouve ses droits, somptueusement. Avec une ou deux frustrations, voici donc une magnifique anthologie de l'orgue baroque allemand.

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews