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Diapason # 743 (04/2025)

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Alpha - Alpha116 (2CD)
Code barres / Barcode :3701624511169

Analyste: Paul de Louit

 

Des Goldberg en trio avec continuo : pourquoi pas ? le Cantor lui-même et ses contemporains ne donnent-ils pas l'exemple d'un recyclage permanent ? Bach a mis dans ses claviers tout un monde musical virtuel qui n'attend, après tout, que d'être réalisé.

Jean Rondeau continuiste étoffe considérablement la matière de l'œuvre. On retrouve ici le goût et l'intelligence de l'ornementation ajoutée, avec cette manière de prendre son temps, qui signaient ses Goldberg en soliste. Un modeste gain de neuf minutes sur la durée totale en préserve les tempos et l'esprit, l'individualisation des variations comme la séparation entre les sections de chacune, et jusqu'à la traînardise ( Variations XII et XVII ).

Le partage entre les instruments apporte sa transparence à l'écriture et à ses lignes : tout devient dialogue, échange, conversation. Bach aurait-il aimé cet éclairage sur les dessous d'une écriture dont l'enchevêtrement est souvent trompe-l'œil ? La question reste ouverte ; mais qui connaît l'œuvre d'oreille sans en lire le texte l'entendra sans doute différemment après cette expérience.

Le démasquage eût été plus radical si les interprètes avaient su intervertir leurs personnages. Les quatre protagonistes jouent un rôle une fois pour toutes assigné : la souplesse élégante du traverso d'Anna Besson, le volontarisme du violon de Louis Creac'h, l'exubérance du clavecin de Jean Rondeau (ou le calme plat de son orgue), la stabilité de Robin Pharo à la viole. En naît un charme vaguement rohmé-rien mais un peu monotone, dans sa finesse rêveuse et volontiers introspective.

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