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Analyste: Denis Morrier
Leonor De Lera, qui nous avait séduit avec son précédent « Arte di diminuire » (Challenge), nous laisse ici perplexe : elle veut étendre ses techniques variées de diminution à des répertoires qui ne sont pas toujours appropriés. Les chansons, madrigaux et motets de la première Renaissance ont formé le matériau des arrangements signés Ganassi, Dalla Casa ou Rognoni (Lera offrant une subtile lecture de son Vestiva i colli et d'Un gay bergier). Mais quelle erreur d'appliquer ces mêmes recettes aux plus consistants chefs-d'œuvre du Seicento ! Comment se satisfaire d'un Lamento della Ninfa confié à un violon et deux luths, quand Monteverdi convoque une soprano, trois autres chanteurs et tout un continuo pour déployer un fascinant kaléidoscope polyphonique de passions contrastées ? La pauvreté de ce détournement, que ne compense nullement l'ornementation ajoutée à la seule partie de soprano, est à pleurer. Toujours chez Monteverdi, l'enivrant Zefiro torna (conçu pour deux ténors et continuo), est ravalé en une banale ciac-cona, bavarde et creuse, pour violon solo et chitarra battente. De même, les compositions de Caccini et D'India, vidées de leur substance poétique, se muent en parades acrobatiques, aussi fastidieuses que stériles. Certes, les deux luthistes déploient des trésors d'invention et de subtilité pour conférer une louable diversité de couleurs et d'effets, mais ils ne sauraient restituer à eux seuls toute la matière expressive et musicale arrachée aux partitions originales.
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