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Analyste: Peter Van Heyghen est un artiste aux talents divers. Il s'est distingué comme chanteur dans les répertoires renaissants avec la Ca-pilla flaminca ou la Capella Praten-sis, mais aussi comme chef de l'ensemble baroque Les Muffatti. Flûtiste virtuose, il nous offre un panorama très représentatif des premières compositions pour instrument soliste au baroque naissant.
À Venise naquirent les spéculatifs ricercate et les foisonnants madrigaux diminués de Bassano (variations sur Caro dolce ben mio de Ga-brieli), les danses ornées de Marini (Romanesca ), mais aussi les premières sonate concertate in stil moderno de Fontana et surtout de Castello, sommet du programme. De Munich vient La Foccarina de Cesare, aussi étourdissante de virtuosité qu'étonnante de contrepoint. Face aux Italiens se dressent les rivaux flamands, parmi lesquels Jacob Van Eyck et ses savoureuses diminutions sur Amarilli mia bella de Caccini.
Alternant trois flûtes aux sonorités nettement différenciées, Van Heyghen multiplie les raffinements d'articulation et d'ornementation. Il introduit des effets d'écho dans la Canzon a un flautin de Riccio et prête des élans rhétoriques à l'erratique Symphonia de Kempis. De même, les divers clavecins et orgues touchés par Kris Verhelst (opposant factures italiennes et flamandes) apportent de la variété dans le coloris. Lui reviennent quelques joyaux fondateurs de la littérature pour clavier seul, comme les rigoureux Capricci de Frescobaldi, le Pass'e mezzo redoutablement fleuri de Picchi ou encore les savoureuses miniatures de Peter Philips. Un programme intelligemment conçu et supérieurement interprété.
Denis Morrier |
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