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Analyste: Paul de Louit L'ART D 'ANDRÉ ISOIR
La Dolce Volta réédite une nouvelle fois l'intégrale de l'œuvre pour orgue de Bach qu'André Isoir enregistra sur un quart de siècle, en y intégrant L'Art de la fugue joué avec l'excellent Pierre Farago - qui n'est pas crédité. Isoir n'a réenregistré qu'un recueil, les toccatas et fugues, qui avaient constitué en 1975 le premier coffret. Le choix de l'éditeur s'est porté sur la version de 1993 : bonne pioche pour son inventivité mais, au point où on en était, inclure les deux aurait permis de comparer le chemin accompli vers toujours plus de liberté et d'improvisation.
L'obsession d'Isoir était que son instrument ne fût pas plus inerte ni moins lyrique qu'un piano ou un violon. Haïssant les pédants mais soucieux des sources (témoin le fa bécarre au début du Nun komm der Heiden Heiland, philologiquement inattaquable mais qu'il est resté le seul à oser ; ou les mouvements de sonates intercalés, conformément à certains manuscrits, dans les Préludes et fugues BWV 541 et 545 ), il cherchait avant tout à être expressif. La gamme d'affects qu'il déploie par le rubato, par le toucher, par la registration est quasi infinie, de la plus écrasante monumentalité dans le Ricercar a 6 jusqu'à la vivacité la plus scintillante dans les concertos ou les sonates, en passant par des moments bouleversants de poésie dans l'Orgelbüchlein ou les chorals de Leipzig. Un autre quart de siècle après son achèvement, ce grand œuvre conserve intacte sa magie.
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