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Analyste: Paul de Louit L'argument, en deux volets. Primo, rapprocher les dynasties Bach et Silbermann, celle des compositeurs et des facteurs d'instruments à clavier. La famille Silbermann se réduit à Gottfried avec le grand orgue du Dom de Freiberg, et une copie moderne d'un de ses pianoforte. Il en résulte un patchwork assez classique du Cantor et de ses deux fils aînés.
Secundo, le mélange entre pratiques pédagogique et domestique. Une sonate pour orgue de Johann Sebastian, un mouvement de sonate pour clavier de Carl Philipp Emanuel sont jouées aux cordes avec continuo qui au clavecin, qui au pianoforte. Un Marc Mauillon en méforme (entre deux tessitures, voix mal tenue, e trop ouverts) se voit confier deux jolis lieder du même Carl Philipp Emanuel, un petit choral et un Bist du bei mir à oublier. Dans ce contexte intime, la Fantaisie et fugue BWV 562, sur son orgue de cathédrale, arrive comme les cheveux sur la soupe et la Sonate en trio no 6, aussi bien jouée que pesamment registrée, se serait satisfaite d'un plus modeste instrument. En somme, à vouloir mélanger deux concepts, on n'en sert aucun.
Mais il ne s'agit pas de cela. Ecoutez le Klaviertrio Wq 91/1 en mi mineur de Carl Philipp. Les cordes n'y font guère qu'accompagner sotto voce un pianoforte superbe et omniprésent. Paradoxe, elles ne font pas autre chose dans la Sonate en trio no 3. Car celui que Louis-Noël Bestion de Camboulas met en scène et en vedette est d'une autre dynastie que les Bach ou Silbermann : c'est lui-même. Soliste, chambriste, continuiste, on n'entend que lui. C'est le Gascon dans un roman de Dumas : hâbleur, volubile, inventif, et toujours un peu trop là. Virtuose, et qui en fait des tonnes. Une telle faconde a beau être jouissive, elle n'est pas une vertu dans une musique si marquée par l' Empfindsamkeit, cet apogée délicat de la sensibilité.
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