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Analyste:
Frédéric Degroote Fraîchement retraité de la Schola Cantorum de Bâle, Paolo Pandolfo livre « au monde » (clin d'œil au titre de la préface de Ferrabosco) une intégrale des Les-sons pour lyra viol du fils Ferrabosco.
Le recueil, publié en 1609, est le premier consacré entièrement à cet instrument qui combine lyre et viole de gambe et s'épanouit au début du XVIIe siècle en Angleterre, quand le besoin de maîtriser la polyphonie sur un seul instrument se fait sentir. On modifie l'accord de la viole (scordatura) pour amplifier la résonance, tandis que des cordes métalliques, placées sous le chevalet, viennent vibrer par sympathie avec les cordes en boyau, et ainsi créer une illusion acoustique.
C'est sur une telle lyra viol, commandée par la Schola de Bâle à Pierre Bohr, que Pandolfo se lance dans les cinquante-trois pièces du recueil : trois préludes et cinquante mouvements de danse, regroupés en vingt-cinq petites Suites. A la pavan, almaine ou galliard, volontiers complexes et longues, s'adjoint un bref coranto sur le même matériau thématique. Pour restituer sur une seule viole la « virtuosité invisible » que réclame leur contrepoint, le gambiste jongle avec différentes techniques d'archet, tirant profit des cordes à vide, de pizzicato et de spiccato à l'effet rythmé et aux relents populaires dans les coran-tos (par exemple les nos 8 et 42 ).
Les mouvements lents sont plus austères, mais quels phrasés ! Ecoutez comme Pandolfo anime la Pavan no 41 ou l'Almaine no 11 et leur confère une profondeur insoupçonnée. Son archet raconte, met en scène progressions et contrastes, fait saillir les angles d'une musique qui jusque-là n'avait guère suscité l'attention. A l'image du halo dont les cordes sympathiques nourrissent, illuminent, approfondissent le propos, Pandolfo témoigne d'un art exquis du raffinement. |
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