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Analyste: Denis Morier À l'aube du Seicento, le chanteur virtuose Giulio Caccini, son épouse, leurs enfants et divers disciples, rassemblés en Concerto Caccini, éblouissent les cours italiennes et française. Si les compositions du père (son opéra Euridice et ses deux recueils de Nuove Musiche publiés en 1602 et 1614) sont désormais bien connues, celles laissées par ses filles, Francesca (l'opéra La liberazione di Ruggiero, divers airs et motets) et sa cadette Settimia (une dizaine de pièces), retrouvent elles aussi la lumière dans un programme généreux et foisonnant.
Le continuo, formé par sept musiciens, donne à entendre une trentaine d'instruments différents (essentiellement des cordes pincées), certains spécialement reconstitués pour l'occasion. Ils offrent un écrin aussi rutilant qu'efficace à sept chanteurs aux timbres complémentaires qui rivalisent de grâce et de virtuosité. Tous les genres pratiqués par les Caccini sont réunis. Le théâtre est représenté par un extrait de La Pellegrina de 1589 (le spectaculaire « Io che da ciel cader », conçu par Giulio pour son épouse Lucia et ici confié à un contre-ténor) mais aussi toute la scène finale, avec chœurs imposants et solos volubiles, du Rapimento di Cefalo du même Giulio, donné en 1600 pour les noces de Marie de Médicis et Henri IV.
D'étonnants motets fleuris ( Regina coeli, pour quatre voix, de Francesca) illustrent la musica da chiesa tandis que la musica da camera est évoquée par des arie et madrigali. Ces redoutables miniatures ne sont pas seulement prétexte à une ornementation élégante (chapeau au radieux ténor de Pierre Derhet dans Amor io par to de Giulio !) : elles explorent les passions les plus intenses (poignant Movetevi a pietà par Isabelle Druet), voire la danse (délicieux Due luci ridenti de Settimia, par l'aérienne Gwendoline Blondeel).
Plusieurs gourmandises s'invitent dans le parcours. L'air le plus fameux de Giulio, Amarilli mia bella, n'est pas chanté sous sa forme originale, mais décliné en trois versions. A l'avatar orné par un anonyme (dont les vocalises sont abordées avec une aisance déroutante par Nicolas Achten) répondent un arrangement dû à Johann Nauwachs (confié à la voix lumineuse de Wei-Liam Wang) et un autre de Peter Philips, lui-même accommodé pour trois luths (l'original étant pour clavecin).
Le chef ose un dernier clin d'œil en annexant une célèbre supercherie musicale. L'onctueux Ave Maria de Caccini - en vérité composé dans les années 1960 par le guitariste Vladimir Vavilov - se pare de voix angéliques soutenues par les instruments anciens : une malicieuse pépite.
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