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Analyste: Loïc Chahine Albane Imbs n'est pas une inconnue : elle est l'une des chevilles ouvrières de l'ensemble Les Kapsber'girls dont le premier disque était salué par un Diapason d'or (Muso, cf. no 690 ). Pour son premier album solo, la théorbiste et guitariste a jeté son dévolu sur les Capricci a due stromenti (1622) de Bellerofonte Castaldi, compositeur à la vie aventureuse que révéla Le Poème Harmonique à ses débuts (Alpha, 1999). Aventureuse ? Castaldi mena un temps une existence de hors-la-loi pour avoir participé à l'assassinat du meurtrier de son frère.
Au théorbe, on admire la précision de l'articulation, la clarté du dessin, un ancrage rythmique sans suraccentuation, une virtuosité jamais prise en défaut. Ecoutez par exemple la Sonata 10a, campée sur ses appuis sans pour autant manquer de souplesse ou refuser des surprises dont l'expression reste toutefois raisonnable. Peut-être manque-t-il, justement, un grain de folie supplémentaire… Mais comme la Grilla Gagliarda est bien conduite ! Et si la Fantastica Gagliarda est assez peu « fantastique », elle frappe par sa très grande beauté.
Dans les pièces à deux instruments qui donnent leur titre au recueil publié en 1622, la musicienne prend le tiorbino, littéralement « petit théorbe », instrument miniature (une octave plus haut que son modèle) conçu et joué par Castaldi lui-même, tandis que Rolf Lislevand - excusez du peu - joue la partie de (grand) théorbe. L'entente des deux interprètes est impeccable, mettant particulièrement en valeur le scintillement des aigus ( Capriccio detto Cerimonioso ).
Forcent
encore l'admiration le sens du timing et cette continuité qu'Imbs parvient à
développer tout au long du programme entre les pages pour théorbe(s) et celles
pour guitare. Car l'album donne aussi à entendre huit pièces tirées des
Armoniosi concerti sopra la chitarra spagnuola (1650) de Domenico Pellegrini.
Considérant leur notation comme « elliptique », l'interprète s'autorise à
ajouter des notes, à broder, sans jamais rompre le fil. La Toccata 1a, par
exemple, est un pur délice, le Balletto 1o nous ravit, et dans sa simplicité la
Cor-rente detta la Grimalda est le charme même. Beauté du son, sens du rebond,
poésie des tournures : Imbs s'impose ici comme une guitariste à suivre.
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