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Analyste: Kévin Roger L’ensemble Céladon inaugurait en 2022 un cycle dédié aux répertoires lyriques vernaculaires des XI e et XIIle siècles, avec l’ambition d’en renouveler l’approche. Cet « Au douz tens nouvel » offre à des chansons de trouvères une restitution vocale et instrumentale variée, avec parfois un véritable effort scénique. En témoigne la célèbre « chanson de toile » – ainsi dénommée parce le thème d’une dame occupée à des travaux d’aiguille y est souvent central – En un vergier . L’ensemble s’y écarte de lectures notables (Duo Trobairitz, Ensemble für frühe Musik Augsburg, Ligeriana, etc. ) en donnant une véritable ambiance sonore au jardin dans lequel se trouve une femme songeant à son amant. La structure graduelle étire l’interprétation jusqu’à des limites sans précédent, sans pour autant nuire à la trame narrative. Les mélodies de certaines chansons ne nous étant pas parvenues, Céladon propose aussi quelques recréations. C’est notamment le cas de Bele Yolanz en chambre koie dont seules les paroles sont conservées dans un manuscrit de la BnF. Cette plaisante introduction à l’univers des trouvères pourra toutefois frustrer le connaisseur. Il regrettera qu’en dehors de ces restitutions inventées, par ailleurs agréables et justes, Céladon se cantonne surtout à des pièces populaires de la lyrique médiévale, comme Hui matin a l'ajournee de Gauthier de Coinci ou Ausi comme unicorne sui de Thibault de Champagne. Des choix moins attendus auraient permis de combler des lacunes discographiques. De plus, si des arrangements instrumentaux ponctuent le programme, c'est au détriment de certains chants plus rares, comme Enmi la rousee, dont l'interprétation vocale aurait davantage enrichi le répertoire des chansons enregistrées.
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