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Analyste: Paul de Louit « On voit de la flamme aux yeux des jeunes gens », écrivait Victor Hugo.
Yarno Missiaen n'en manque pas, qui ose, pour son premier disque à dix-neuf ans, se mesurer à un cycle aussi célèbre. Les tempos non plus, et le prophète Siméon sprinte vers le Ciel ( Mit Fried und Freud ich fahr dahin ).
Pour autant, cette vélocité relève rarement de la précipitation ( BWV 609 ), plutôt d'une affirmation de soi. Avec un toucher décidé mais non toujours nuancé, les intentions expressives marquées peuvent donner une fausse impression d'hésitation ( Nun komm der Heiden Heiland ). Non sans quelques tics (pas un incipit en mesure), elles s'imposent au détriment de la mélodie du choral, qui cherche sa respiration naturelle. Inertes comme ceux de Das alte Jahr et Wenn wir in höchsten Nöten sein, les mélismes d' O Mensch bewein s'effacent derrière une polyphonie qui joue des coudes.
Si l'orgue possède quelque sonorité douce, on ne l'entendra guère : encore, dans Da Jesu an dem Kreuzestund, sera-t-elle entachée d'un tremblant intempestif et d'une foule de bruits mécaniques. Partout ailleurs, principaux agressifs et pleins-jeux à gogo, avec quelques emplois intéressants des anches (BWV 613, 624, 629 ). La reconstitution assez hypothétique du facteur Joris Potvlieghe (2022) d'après Contius (deuxième moitié du XVIIIe siècle) convient à cette registration dont la constante extraversion laisse, malgré sa variété, une impression lassante de bariolage vaguement hystérique, qu'accentue une prise de son baladeuse.
On admire l'autorité technique et le volontarisme démonstratif des choix chez un si jeune organiste, en ne doutant pas qu'il gagnera en souplesse, en lyrisme et en intériorité. Ou, pour reprendre la métaphore de Hugo, qu'il saura sacrifier un peu de flamme pour trouver de la lumière.
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