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Analyste: Loïc Chahine Comme à son ordinaire, c'est par le collectif que La Rêveuse séduit. C'est manifeste dès le Prélude de la Suite en mi mineur, où le théorbe joue, discrètement mais sans s'effacer, un rôle quasi aussi important que la viole. La science de l'accompagnement que possède Benjamin Perrot tire partout l'oreille - ici un contrechant suggéré, là une manière d'attaquer ou d'égrener un accord. Son sens de l'architecture et de la rhétorique constitue un autre atout : c'est lui qui mène un Tombeau de Sainte-Colombe nuancé et volontiers « parlant ». Dans ce véritable poème oratoire aux silences étudiés, se perçoivent les ultimes respirations, les râles, tableau magnifié par un dialogue exemplaire entre le « soliste » et la basse. Cette complémentarité profite aussi particulièrement à La Polonoise, et le parfait dosage des ingrédients -rigueur et imagination, conversation et discours, tactus et souplesse, dessus et basse, lignes mélodiques et réalisation des accords - fait de la Fantaisie en la un petit bijou. D'autres pièces, comme la Sarabande à l'Espagnol ou la Gigue qui suit semblent ne pas trouver leur caractère et se contenter d'un aimable premier degré. Les Cloches ou Carillon n'atteignent pas la virtuosité transcendante de Vittorio Ghielmi (Naïve, 2002). Sur les trente-deux célèbres Couplets de Folies, La Rêveuse en a retenu une vingtaine. Elle s'y autorise des effets à l'espagnole contenus dans les bornes du bon goût, avec quelques belles trouvailles (le vrombissement de la Variation XXVII !), sans pousser le pittoresque au même point qu'un Savall. On pourra toutefois préférer l'imagination et la fêlure qu'y mettaient Sophie Watillon et ses comparses (Alpha), d'autant que la viole de Florence Bolton souffre ponctuellement de finitions d'archet laissant à désirer - quelques scories entachent aussi, par exemple, des Voix humaines manquant de poésie. En revanche, l'écriture de Monsieur de Sainte-Colombe dans le fameux Concert XLIV à deux violes sous-titré Tombeau, Les Regrets, convient admirablement à la violiste et à sa complice Emily Audouin : lecture plus sombre et concentrée que larmoyante, sans pathos surjoué - superbe. |
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