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Analyste: Loïc Chahine Surtout connu aujourd'hui pour sa « comédie madrigalesque » L'Amfiparnasso (1597), Orazio Vecchi fut un temps ténor à la cathédrale de Sienne (1571-1574). Si ses Veillées furent publiées à Venise en 1604, elles se rappellent la vie culturelle de la cité toscane, et en particulier un Dialogue des jeux pratiqués au cours des veillées siennoises (1572) dû à l'érudit Girolamo Bargagli.
Dans son recueil, le compositeur rassemble trois pièces d'inégale longueur. La première, Le Jeu des imitations , s'amuse à singer un Sicilien, une paysanne vaniteuse, un Allemand, un Espagnol, un Français, un Vénitien et des juifs, avec force effets comiques langagiers qui sans doute parleront davantage aux italianistes chevronnés. Quelques plaisanteries musicales se glissent aussi çà et là (le Vénitien, par exemple), tout comme dans la deuxième partie, La caccia d'Amore , controverse sur l'amour où la musique joue en particulier avec les onomatopées. La troisième pièce est la plus ambitieuse ; considérée à elle seule comme la Seconde partie de l'ouvrage, elle occupe tout le second CD. Intitulée Les Humeurs de la musique moderne , elle déroule pendant près d'une heure les diverses atmosphères que peut illustrer la musique, sérieuses (superbe Humor grave !) ou légères, tristes ou gaies, mais aussi « flatteuse », « sincère » ou « universelle ». C'est l'occasion pour Vecchi de montrer sa maîtrise des différents styles, avec ici quelques chromatismes, là des effets d'imitation. L'humor dolente donne d'ailleurs à entendre un poème de Pétrarque, « Or che 'l ciel e la terra », que Monteverdi mettra en musique dans son Huitième Livre , avec des similitudes assez troublantes au début - valeurs longues, homorythmie, tessitures graves…
Si la musique de ses Veglie di Siena est d'excellente facture, elle n'évite pas quelques longueurs. Maigre réserve, que compense l'interprétation. La Compagnia del Madrigale brille une fois encore par sa cohésion. La qualité de la polyphonie, la beauté des intervalles sont un bonheur de chaque instant. Les effets comiques sont judicieusement dosés - il en va de même de l'ancrage dans le texte, omniprésent sans être ostentatoire. Dans Gli humori della musica moderna , les six chanteurs peuvent donner toute la mesure de leur science et de leur riche palette. Le narrateur, à qui reviennent de brèves introductions dans les deux premières Veglie et l'annonce des titres dans la Seconda parte , est à l'image de cette lecture : juste et efficace. |
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