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Analyste: Adrien Cauchie Le tremblement de terre qui dévasta Lisbonne le 1er novembre 1755 a profondément marqué les philosophes européens, comme Voltaire ou Kant. L' Ode au tonnerre (Donnerode) commandée à Telemann par le conseil municipal de Hambourg et créé en 1756 fut peut-être destinée à rendre hommage aux victimes. Le livret, empruntant aux psaumes, ne mentionne aucun séisme mais loue la puissance de Dieu. Le succès fut tel que le compositeur lui donna une deuxième partie en 1760.
Les musiciens rendent avec justesse l'intensité dramatique de cette succession d'airs et duos encadrés par des chœurs, au relief parfois saisissant. Ainsi, dans le duo des basses « Es donnert, dass er verherrlichet werde », les notes répétées font leur effet autant que les roulements de timbales (procédé alors novateur) imitant le tonnerre. Dans le chœur introductif « Wie ist dein Name so gross! », on apprécie la clarté des différents timbres (cuivres et chanteurs, en particulier) qui s'unissent en une foule.
Dans l'air « Fallt vor ihm hin », contre-ténor et, surtout, basson, hautbois et violons, créent une atmosphère intimiste de prière qui échappait quelque peu à Richard Hickox et au Collegium Musicum 90 (Chan-dos, 1994). Plus que Barbara Schlick avec le Kleiner Konzert d'Hermann Max (Capriccio, 1995), la soprano Zoë Brookshaw et Les Passions de l'Ame prennent le temps d'installer le climat pacifié et serein que doit diffuser « Schönster von allen Geschlechten ».
On trouvera en complément le premier enregistrement de deux cantates tardives de Telemann. La première (1754) saluait l'installation du pasteur Joachim Lütken dans une paroisse près de Hambourg. La seconde (1762) était destinée à la fête de saint Michel. Comme dans la Donnerode , la cheffe Meret Lüthi intègre avec beaucoup de science les voix (de qualité homogène) dans l'ensemble instrumental - en témoignent notamment l'aria « O wie sich Dunkelheiten » et le chœur « Wie lieblich sind auf den Bergen ». Des interprétations aussi belles que cohérentes relèvent l'intérêt de la découverte.
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