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Analyste: Paul de Louit
Avec ce troisième coffret, Peter Kofler boucle son intégrale de l'orgue de Bach.
Il y confirme une approche qu'un sujet britannique qualifierait de no-nonsense , c'est-à-dire qu'on n'ira pas y chercher midi à quatorze heures : claire et lisible, fidèle au texte, hypersolide techniquement et sagement musicolo-gique, avec juste ce qu'il faut d'ornementation ajoutée et d'effets rhétoriques ( Prélude BWV 561 ). Les tempos fuient l'excès comme les registrations la faute de goût. L'imagination, le fantasque comme la grâce sont absents, n'étant pas ici l'objet. Le bât blesse dès qu'on attendrait un peu de tendresse, comme dans les chorals ornés (Allein Gott BWV 662) ou le Largo de la Sonate BWV 526 . Dans la vitesse, les réflexes néoclassiques reviennent au galop : registrations « creuses » (Allein Gott en trio BWV 664), non legato mécanique (Fugue BWV 561), inerte métronome. Adieu, gravité gallicane dans la Fantaisie en ut mineur BWV 562 ; adieu, majesté funèbre dans le prélude et fugue en si mineur. Comme est loin Couperin de son Impériale (Aria BWV 587), et Vivaldi de son Concerto en la mineur ! Cette solidité impavide est à l'unisson du projet : au rebours de ses confrères qui changent d'orgue en préservant les grands recueils, l'organiste tyrolien morcelle l' Orgelbü-chlein et les dix-huit chorals « de Leipzig » en se limitant à un seul orgue moderne élégamment banal. C'est traiter trop uniment un corpus dans lequel s'incarne la variété des « goûts réunis », et dont la composition couvre près d'un demi-siècle. Certes, à l'instar de l'instrument, l'instrumentiste « fait le job ». L'auditeur se satisfera-t-il de cette efficience, dont la marque de fabrique est son inaltérable inexpressivité ?
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