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Analyste: Loïc Chahine Dans le premier tiers du XVIIIe siècle, Jacques Hotteterre publie un recueil d' Airs et brunettes à deux et trois dessus pour les flûtes traversières . A côté d'airs du temps figurent des pages plus anciennes qui ramènent au XVIIe et font le lien entre l'instrument à vent et le répertoire de l'« air sérieux ». C'est ce dernier qui est au cœur du programme élaboré par François Lazarevitch et qui commence en toute intimité. La proximité des micros permet au flûtiste de soigner les articulations et lui autorise dans la Sarabande de Joseph Chabanceau de La Barre (1633-1678) des nuances et des fins de phrases aux confins du silence.
Dans l'air éponyme, signé Honoré d'Ambruis (1660-1702), il se joint à Julie Roset, suivant une pratique qu'atteste une autre publication, les Brunettes (1725) arrangées par Montéclair : « rien n'est si touchant que d'entendre ces petits airs par une belle voix accompagnée à l'unisson par une flûte traversière ». Le résultat se révèle très convaincant ; la manière dont l'un et l'autre s'accordent ici, la précision du moindre ornement - certains sont exécutés exactement tels que les décrits le théoricien Bacilly, mais en évitant tout systématisme -, la communauté de souffle et d'esprit forcent l'admiration.
Dans d'autres pages comme l'air Si c'est un crime que d'aimer d'Antoine Boësset (incursion dans un répertoire antérieur puisque publié en 1621), Lazarevitch ajoute un contrechant à la voix, parfois dialogue avec elle, et la conduite de l'ensemble demeure séduisante. Il faut dire que la soprano excelle aux doubles comme peu d'autres, son timbre argentin se coulant avec bonheur dans ces « roucoulades ». Même si la flûte s'y substitue au violon et si cette version chambriste fait perdre l'opposition solo/tutti, on se réjouit d'entendre le fameux Récit d'Orphée tiré du Ballet des Muses (1666) de Lully si bien chanté !
Du non moins superbe J'ai mille fois pensé dans ma douce langueur de Bertrand de Bacilly (1621-1690), Lucile Richardot livre une version finement nuancée, avec un sens affûté du texte et de ses effets. Citons aussi La bergère Annette , où les deux voix se rencontrent et qui se trouve doté d'une dramaturgie sans aucune outrance.
Côté pièces purement instrumentales, quelle diction de la flûte dans l'air Dans ces déserts paisibles ! D'autres pages nous laissent davantage circonspect - la nécessité d'enregistrer la Passacaille d'Acis et Galatée réduite à la flûte et à la basse continue, par exemple, nous échappe. Passons, et saluons un apport bienvenu à la discographie.
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