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Diapason # 735 (07/2024)

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Label : Decca  ELQ 4845351 

Code barres / Barcode :
0028948453511

 


 

Analyste: Ivan A. Alexandre

Centenaire, suite. Après la collection Warner au complet ( cf. no 733 ), rouvrons les neuf albums Handel publiés par Argo et Decca entre 1964 (Concerti grossi op. 3 ) et 1979 ( Jephtha ). Albums simples, doubles ou triples en jaquette vintage , auxquels l'éditeur joint trois concertos de l'Opus 6 enregistrés pour L'Oiseau-Lyre peu après la fondation de l'Academy en 1958, deux concertos transcrits pour la flûte à bec de Bernard Krainis (Mercury 1965) et quelques Handel parus ensuite chez Philips ( Concerti a due cori de 1979, Coronation anthems de 1984, airs arrangés pour Dmitri Hvorostovsky… sans Water / Fireworks Musics ni Messie afin d'éviter les doublons).

 

Le temps passe, les us changent, un trésor perdure : l'élégance. Elégance du son, du geste, de l'attitude en général, qui n'est pas d'un coquet mais d'un esthète. Neville Marriner (1924-2016) se voulait enfant des lumières, guidé par la raison. Son credo, il le tenait de son maître Pierre Monteux : ne danse pas pour le public, aide les musiciens ! Mesurer, organiser, éclairer. Philosophie d'un Goethe londonien : more light ! Intentions claires, réalisation claire, polyphonie, attaque, phrasé clairs. Lumières d'un classique. L'ombre, l'effroi, le vertige, l'extase baroque… pas sa langue.

 

Rien de frivole toutefois dans ce midi. Une connaissance intime, une acuité sensible qui maintiennent son premier Messie (Londres 1976, superbe plateau, chœur nouveau-né au teint vermeil, Nicholas Kraemer au clavecin, Christopher Hogwood à l'orgue), ses radieux Anthems de 1984, un Opus 6 aux violons choisis (sir Neville himself par quatre fois, mais aussi la future maestra Iona Brown, l'ex-enfant prodige Alan Loveday ou Raymond Keenlyside, père du petit Simon… ), des concertos pour orgue (et, deux fois, pour clavecin) insurpassés dans ce style (quel musicien décidément que George Malcolm !), un Acis and Galatea inégal mais enlevé (avec le chœur « Happy we » de 1739 et son joyeux carillon), ce Jephtha plein de tendresse et de justesse (Anthony Rolfe Johnson, Margaret Marshall, Paul Esswood) au zénith. Si la matière - archet, vibrato, clavecin - trahit parfois son âge, le charme demeure. Et l'esprit, qui enveloppe ces presque dix-sept heures d'une patine, comment dire ? D'une patine fraîche. « Sur instruments modernes », legs précieux.



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