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Analyste:
Frédéric Degroote Elève et protégé de Michel-Richard de Lalande, François Colin de Blamont devient à la mort de son aîné, en 1726, le Maître de musique de la Chambre du roi, supervisant ainsi la vie musicale de la cour. Le disque avait documenté le versant sacré de son œuvre (en particulier son Te Deum, cf. no 680 ) et ses cantates, mais ses opéras demeuraient à peu près terra incognita. Ces Fêtes grecques et romaines, créées en 1723, reprises et augmentées en 1733 et 1741, furent la première incursion de Blamont sur la scène de l'Académie royale de musique. Signé Louis Fuzelier, le livret de ce « ballet héroïque » renonce à la mythologie pour emprunter sa matière à l'Histoire (choix exposé dans le Prologue) : il retrace les amours de personnages antiques célèbres en les plaçant dans le cadre de fêtes antiques.
Carnaval gréco-romain La première Entrée se passe pendant les Jeux olympiques (cf. notre Air du catalogue, p. 44) et met en scène un Alcibiade vainqueur et volage. La deuxième Entrée montre la rencontre de Marc Antoine et Cléopâtre en la reliant aux Bacchanales, et la troisième se déroule pendant les Saturnales, carnaval romain où les hiérarchies sociales sont inversées et où le poète latin Tibulle chante son amour pour Délie.
L'écriture de Blamont, bien dans le goût de son époque, multiplie les petits airs insérés dans les récits. Elle séduit par son charme mélodique et son efficacité - plusieurs danses acquirent une grande popularité.
La Chapelle Harmonique en restitue pleinement le style alerte, comme elle sait aussi rendre l'imposante majesté de l'Ouverture, saluée comme l'une des plus belles par certains contemporains. Valentin Tournet enlève d'un geste délié le Prologue, et en particulier la séquence originale qui fait dialoguer Erato et Apollon avec l'orchestre personnifiant la muse de la danse. Ecoutez la finesse du Menuet pour Terpsichore, des Rigaudons !
Lustre vocal L'affiche vocale n'est pas en reste. La distribution est dominée par le ravissant soprano de Gwendoline Blondeel, tour à tour Aspasie (Entrée I) et Délie (III, magnifique « Dans ces jardins charmants »), et la grandeur tragique d'Hélène Carpentier en Timée - le personnage le plus sérieux de l'ouvrage (superbe air « Dois-tu, cruel Amour », Entrée I). Si, sans démériter, Marie-Claude Chappuis n'a pas toutes les séductions de Cléopâtre, elle fait mouche en Erato (dans le Prologue).
Cyrille Dubois, tout feu tout flamme, incarne un Tibulle à fleur de peau, tandis que David Witzak compense un timbre peu varié par une intelligence des situations et du texte dans chacun de ses rôles. Après Télémaque et Calypso de Destouches (cf. no 734 ), et cette fois-ci sans coupure, Château de Versailles Spectacle nous offre à nouveau la redécouverte d'un opéra de la première moitié du XVIIIe siècle à connaître absolument. |
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