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Analyste:
Frédéric Degroote Dans les quelques lignes d'introduction à ce récital intégralement british, Rachel Podger associe plaisir et art de la conversation. Parcourant le siècle et une partie du siècle suivant, l'évocation se concentre majoritairement sur les règnes de Charles Ier et Charles II. L'écriture de l'intime y voisine avec le baroque triomphant. Et de plaisir, il est question dès la Sonate op. 1 no 13 de Handel qui s'inscrit dans le sillage esthétique de Corelli ; l'Affetuoso chante à l'infini, et une ornementation habile fait mouche dans le Largo. Place ensuite à ces figures du Parnasse anglais que sont William Lawes, Matthew Locke et John Jenkins. La Fantasia-Suite du premier instaure un dialogue entre viole et violon pour ciseler au mieux les harmonies torturées. Sublimés par Podger et ses complices, le Little Consort de Locke comme la gravitas de la Fantasia-Suite de Jenkins forment ici de véritables traités d'interprétation collective.
Entre ces pages plus austères, la violoniste intercale un Ground de John Blow paré de mélancolie, une sonate (reconstituée) de Purcell et, pièce maîtresse de l'album, une version des Lachrimae de Dowland arrangées par Johann Schop, à la croisée entre contrepoint et développement soliste, où la violoniste subjugue par son intelligence du discours et sa hauteur de vue. Un pot-pourri d'airs écossais et irlandais harmonisés par Barsanti, Purcell ou Geminiani (Auld Bob Morrice) apporte une touche de légèreté fort bienvenue. Y frappe encore la richesse et l'invention du jeu d'ensemble (mention spéciale à Elizabeth Kenny en caméléon). Versatile et généreuse, Podger termine comme elle a commencé, avec une sonate pour violon et basse continue, en l'occurrence l'Opus 2 no 4 de Richard Jones où excentricité et virtuosité (l'Allegro central) affirment une maestria sans cesse renouvelée. |
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