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Analyste:
Denis Morrier Pour cet ambitieux projet, les deux cantatrices et le luthiste Jasper Bärtling-Lippina ont considérablement renforcé l'effectif de leur ensemble fondé en 2020, Il Segreto delle Muse. Introduisant violons, violes, violone, harpe et claviers, le trio a fait appel au vétéran Gabriel Garrido pour coordonner et orienter stylistiquement l'interprétation. Barbara Strozzi, fille adoptive (ou naturelle selon certains) du poète Giulio Strozzi, fréquentait des cercles cultivés, où cette élève de Cavalli brillait tant par la beauté de sa voix que par ses charmes et ses talents de compositrice.
Renouant avec son répertoire d'élection (le Seicento), le chef argentin insuffle à ces duos vie, caractère et couleurs, par une instrumentation raffinée et des réalisations toujours renouvelées de la basse continue. Il évite avec soin tout débordement théâtral : règnent ici l'intériorité, la profondeur, la suavité. En témoignent les lamentos successifs de la cantate L'Eraclito amoroso, subtilement teintés de pathétisme rêveur. De même, dans Lagrime mie, la troublante vocalise initiale revêt une délicatesse ondoyante qui évoque idéalement les flots des larmes.
Jouant sur l'harmonieuse complémentarité des voix, le duo Begli occhi voile ainsi d'ombres et d'inquiétudes l'évocation solaire des regards que lance le bien aimé. Enfin, l'ornementation fluide au rubato savoureux de La riamata da chi, la finesse poétique de Costume de grandi, les basses inquiétantes et les silences évocateurs de Chi si può fare inscrivent cette anthologie parmi les mieux inspirées consacrées à la compositrice.
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