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Analyste:
Jean-Philippe Grosperrin Enregistré en octobre 2023 au conservatoire de Puteaux par Frédéric Briant. Une image équilibrée, harmonieuse, dans laquelle les sonorités de l'orchestre se déploient avec richesse et générosité. Pupitres bien définis et voix solistes sur le devant de la scène.
« Du sentiment, des entrailles, et du Destouches pour saluer en 1714 « goût » : éloge du compositeur la création de ce Télé m a q u e inspiré par la vogue du roman de Fénelon. Si l'épisode de l'île de Calypso a fourni à l'opéra européen un scénario propice, des années 1700 à l'ère romantique, le librettiste Pellegrin livrait une adaptation astucieuse, puissante, combinant épopée et tragédie au profit d'un grand spectacle musical où rôdent les ombres du duo Quinault-Lully (Armide ) ou de Racine ( Bajazet ). En vérité, voici un opéra majeur des décennies foisonnantes d'avant Rameau, avec trois protagonistes qui, pour la reprise de 1730, échurent aux futurs créateurs de Phèdre, Hippolyte et Aricie.
Consécutif au dernier festival d'Ambronay, l'enregistrement suit cette révision de 1730 que couronne une nouvelle tempête, mais plusieurs séquences chorales souffrent de coupures plus importantes qu'au concert : pourquoi ? La fête enchantée de l'acte III, recelant une admirable chaconne, est intacte mais des amputations lors des cérémonies au temple altèrent économie et proportions - dommage vraiment pour celle du IV. L'orchestre de Margaux Blanchard et Sylvain Sartre respire du moins sensualité et noblesse, attaché à tendre le drame sans heurter le geste. Les seize jeunes voix du chœur versaillais ne ménagent pas leur zèle. En dépit de détails perfectibles, on goûte ici l'imagination féconde de Destouches.
La distribution n'est pas en reste, avec d'excellents comparses, Adrien Fournaison notamment, mais surtout Hasnaa Bennani (luxe et volupté) et Marine Lafdal-Franc (d'un relief mémorable). David Witczak soutient les apparitions saillantes du malheureux Adraste, quand le ténor d'Antonin Rondepierre (timbre séduisant, chant trop peu varié) donne à entendre un Télémaque juvénile et gourmé : caractère tout à fait plausible dans une action où dominent les héroïnes.
Emmanuelle De Negri ravit une fois de plus, offrant à la dignité sacrificielle d'Eucharis une qualité d'incarnation, de style, qui paraît sans rivale. La cyclothymie redoutable de Calypso trouve en Isabelle Druet une voix moins phonogénique mais une interprète inspirée, éloquente, mobile, retorse : coup de maître encore, qui révèle une forte figure dans un opéra à connaître absolument. |
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