Texte paru dans: / Appeared in: Pour s'abonner / Subscription information
Château de Versailles CVS118
|
|
Analyste:
Denis Morrier Il y a bien peu d'adéquation entre le somptueux cadre versaillais et cette production venue d'Aix-en-Provence, avec une distribution renouvelée : costumes modernes, décor aux murs nus, envahi de chaises et surplombé d'un ornement saugrenu (un énorme tuyau de canalisation suspendu aux cintres). Les personnages, alignés dans une boîte, attendent patiemment qu'arrive leur tour. Aurait-on confondu Busenello avec Pirandello ou Ionesco ?
Dans cette mise en scène a minima, quelques chairs dénudées, des postures lascives et même un peu de triolisme bisexuel pour faire sensuel et moderne. La violence gagne chaque scène, avec œillades appuyées, vociférations et gesticulations pour seul mode d'expression. Les incohérences sont légion, depuis le duo d'amour détourné entre Valetto et Arnalta (substituée à Da-migella), jusqu'au suicide de Sénèque : alors qu'il a déjà avalé du poison et agonise dans des convulsions ridicules, ses familiers l'invitent à renoncer. Plus absurde encore : il expire en réclamant son bain pour s'y tailler les veines !
Si les yeux s'ennuient, les oreilles se fatiguent tout aussi vite : voix agressives, vibrato exagéré, fioritures hors style, effets racoleurs ou indélicats… On a rarement entendu Arnalta aussi approximative, Néron aussi strident (atroce duo avec Lucain), Poppée aussi peu vocalement séduisante. Face au chant élégiaque d'Othon ou à la profonde autorité de Sénèque, Octavie hurle et malmène ses lamentos, tandis que Valetto surjoue le moindre trait comique.
L'arrangement de la partition est très peu historiquement informé, avec parties instrumentales et interludes ajoutés au style improbable (on en regretterait presque l'antique édition Leppard !). Surtout, il sonne fort mal. Bruyant, l'orchestre est aussi brouillon, avec des violons sur la corde raide, d'inutiles doublures de flûtes ou de cornets, des basses vrombissantes, un continuo bavard qu'envahissent un fouillis de cordes pincées et un clavecin hideux. Pour faire pop, la rythmique est systématiquement syncopée (dès le premier monologue d'Othon) ou chaloupée, quelle que soit la situation ou le propos. A fuir ! Retournons sans regrets aux versions filmées de référence : Ponnelle/ Harnoncourt (DG), mais aussi Audi/Rousset et Alden/ Bicket (l'une et l'autre chez Opus Arte). |
Sélectionnez votre
pays et votre devise en accédant au site de |
Choose your country
and currency |
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews