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Diapason # 734 (06/2024)

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Analekta
AN953




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Analyste: Adrien Cauchie
 

Difficile d'imaginer le destin de la Passion selon saint Matthieu de Bach sans sa redécouverte par Mendelssohn qui la dirigea à Berlin en 1829 puis à Leipzig en 1841. Reprises pour lesquelles il intervint en profondeur dans la partition, amputée de presque un tiers (une dizaine de chorals, récitatifs et arias furent ainsi supprimés pour amplifier la charge dramatique de l'œuvre). Il modifia l'instrumentation (des clarinettes se substituent aux hautbois d'amour ou de chasse, par exemple dans « O Schmerz »), et redistribua certains airs (« Erbarme dich » est chanté par la soprano)…

 

Christopher Jackson ne parvient pas à nous convaincre de l'intérêt qu'il a à faire entendre ces réaménagements auxquels s'ajoutent d'ailleurs les siens. L'irruption du pianoforte dans les récitatifs provoque une surprise qui brise toute tentative de fluidité. Ce qu'accentue encore le Jésus de William Sharp dont le vibrato systématique et non maîtrisé laisse sans cesse planer le doute sur la note chantée autant que sur le phrasé. On admire en revanche l'Evangéliste éloquent de Dann Caokwell et la simplicité touchante de Clara Rottsolk (« Aus Liebe will mein Heiland sterben »). Les chœurs pâtissent quant à eux d'une prise de son qui, en voulant créer des effets de spatialisation, les exagère et isole les individus (l'écoute est même parfois pénible, comme à 3'30'' dans « Kommt ihr Töchter, helft mir klagen »).

 

Le chef impose à l'orchestre une opulence désuète, voire grossièrement excessive (« Gebt mir meinen Jesum wieder »). Mieux vaut donc oublier cette Passion , ni de Bach, ni de Mendelssohn, et revenir à Karajan (DG, 1973) ou Harnoncourt (Teldec, 2000). Les curieux retourneront, pour entendre la version 1841, à Jan Willem De Vriend et l'Orchestre symphonique des Pays-Bas (Challenge, 2014), plus cohérents, ou, sur instruments anciens, à Christoph Spering et Das neue Orchester (Opus 111, 1992).

 

 



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