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Analyste:
Adrien Cauhie Au parti pris audacieux d'accompagner la voix par une unique viole de gambe ( cf. p. 92 ) s'ajoute ici celui de confier le tout à une seule et même interprète. Giovanna Baviera épice par quelques créations contemporaines un riche bouquet de pièces françaises, italiennes et anglaises des XVIe et XVIIe siècles.
Même si elle a entre les mains un instrument qui ne peut faire entendre qu'une partie de l'harmonie, la musicienne parvient à compenser cette limite sans jamais altérer le rôle mélodique d'une basse continue. La place donnée à cette basse est grande puisque sa ligne est exposée à découvert au début de Dalla porta d'oriente de Caccini ou qu'un peu plus tard, lui est confiée toute une strophe, sans paroles mais avec force diminutions. Les moyens utilisés diffèrent dans Queste lagrime amare : un contrechant émerge des nombreux accords et des doubles cordes ou bien des notes soutenues et répétées soulignent un vers.
L'interprétation de ces deux madrigaux et du suivant, O primavera de Luzzasco Luzzaschi, est d'une impressionnante simplicité savante. Dans les chansons à quatre voix de la Renaissance française, la violiste réduit les trois parties non chantées pour réaliser un accompagnement changeant au gré du texte. Une telle lecture amoindrit la polyphonie - on pourra la retrouver en écoutant les enregistrements consacrés à Arcadelt par Denis Raisin Dadre (Ricercar, 2018) - mais elle apporte à ces airs beaucoup de liberté et de lyrisme.
Parmi les incursions au XXIe siècle, citons Such dimmest light as never dont Eva Reiter emprunte le texte à une nouvelle de Beckett, Cap au pire. Le langage musical y épouse celui, bref et souvent sans phrase, de l'écrivain. Des sonorités énigmatiques introduisent les paroles sombres et tragiques qui sonnent comme une complainte. A cette ambiance mystérieuse succède un rythme obstiné malgré les variations mélodiques : de sa découverte naît le charme rassurant d'une chaconne, forme suivie par la compositrice |
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